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Privilèges, Parties I & II

Tenebrae

4th Level Yellow Feather
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Mar 21, 2005
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Première Partie.

Privilèges

Paris, 1789

Alors que l’affrontement sanglant ayant pour but de départager les royalistes des bourgeois voyait la balance pencher en faveur des seconds, une étrange scène se jouait dans une crypte située quelque part entre l’enfer et la terre. Plus précisément dans les profondeurs des catacombes Parisiennes, au fond d’un boyau débouchant sur une vaste tombe qui avait été soigneusement aménagée en salle de torture. Tout y était d’une qualité irréprochable : de la table d’examen laquée aux chevalets les plus divers en passant par les cordes souples ainsi que les sangles finement travaillées. Il y avait aussi des tapisseries finement brodées de fils rouge et or accrochées aux murs. Les intervalles entre ces dernières laissaient voir les murs décrépits et secs, créant un contraste saisissant entre la beauté et l’absurde, le luxe et le grotesque. Enfin, une série de bougies et d’encensoirs entouraient la pièce, diffusant respectivement une douce lumière et une odeur entêtante. Seules, deux femmes étaient présentes.

Sur un autel de pierre au sommet incliné à quarante-cinq degrés, allongée sur le dos, était attachée une jeune fille nue. Elle ne devait pas avoir plus de vingt-deux ans, blonde, les yeux bleus. Ses bras étaient tirés de part et d’autre de l’autel et entravés vers le bas par deux fines chaînes argentées qui étaient d’apparence similaire à celles que l’on utilise pour accrocher un pendentif autour du cou. Sa poitrine, en haut et en bas des seins, ses genoux et chacune de ses chevilles avaient été ligotés de manière similaire. Ses jambes avaient été écartées aussi loin que possible l’une de l’autre, pour dégager son sexe qui frémissait imperceptiblement dans la fraîcheur relative qui régnait à cette profondeur. La pierre de l’autel avait été sculptée avec un grand professionnalisme : elle était sombre et polie à l’extrême. Aucun risque que la prisonnière ne s’écorche en se débattant.

Face à la captive, très droite, se tenait une femme plus âgée. Elle devait être dans la seconde moitié de la trentaine, avec de fins yeux verts, très profonds, et une chevelure noir de jais qui cascadait interminablement en de magnifiques boucles sur ses épaules savamment dénudées. Elle portait une robe de courtisane de couleur écarlate avec une distinction étonnante et, autour sa délicate nuque était ceinte une petite pierre d’onyx, qui avait été retravaillée avec soin par un maître orfèvre. Les mains jointes, elle contemplait sa prisonnière, avec dans les yeux un amusement non feint mélangé à ce qui semblait être un reflet glaçant de sadisme.

- Cette fois, c’est fini, déclara la jeune femme enchaînée.

Elle avait parlé sans hausser le ton mais sa voix était chargée de haine. Elle était en sueur et à bout de souffle, mais sa détermination était renforcée par ses nouvelles certitudes.

- Cela fait trop longtemps que tu as eu le contrôle, Justine, reprit-elle. De tous temps, tu t’en es sortie. Mais la roue tourne : maintenant tu vas payer, comme les autres. Les jours de l’aristocratie sont comptés. Le pouvoir va vous échapper et ni toi, ni ta clique de déviants ne pourront s’y opposer. Ecoute : les tirs faiblissent. Bientôt, la Bastille tombera et le peuple se libèrera de votre emprise.

Justine lui retourna un sourire blasé avant de s’approcher d’un pas lent mais décidé. Elle plongea ses yeux d’émeraude dans ceux, larmoyants, de la pauvre fille. La puissance dégagée par son regard était si intense que la jeune femme, épuisée, détourna la tête. Justine se pencha légèrement, la prit délicatement par le menton et la força à replonger ses yeux dans les siens puis, d’une voix suave, avec une intonation séductrice, elle lui dit :

- Katrin, pauvre chérie : donner ta vie pour une cause et ne même pas en voir l’accomplissement. Ne trouves-tu pas cela un rien pathétique ?

Cette fois-ci, lorsque Justine relâcha son emprise, Katrin ne se déroba pas. Elle répondit sur un ton de défi :

- Depuis le début, je suis prête à donner ma vie. Déjà en Autriche, je faisais partie des conjurés. Entrer à ton service n’a pas été facile mais j’y suis parvenue. Et si j’ai accompli tout cela, c’est aussi pour voir les gens comme toi payer leurs crimes. Vous ne pourrez plus vous cacher derrière la Cour pour manœuvrer sans être inquiétés. Ce temps-là est révolu.

Justine partit d’un petit rire cristallin qui mourut peu de temps après avoir commencé. Elle se mit ensuite à caresser longuement la chevelure soyeuse de Katrin, un sourire satisfait fleurissant sur ses fines lèvres délicates.

- Cher ange… Tu serais bien peu intelligente de croire que votre petite révolution peut m’arrêter. Au dehors, un carrosse n’attend que moi pour m’amener jusqu’au port le plus proche et de là j’appareillerai pour la terre d’Angle. En fait si je suis encore à Paris, c’est que je mets toujours un point d’honneur à punir moi-même les traîtresses de ton espèce. Mais cela tu es loin de l’ignorer, n’est-ce pas ?

Katrin eut un petit frisson de peur. Effectivement, elle savait avec quelle effroyable efficacité étaient punies les filles qui complotaient contre cette femme redoutable. C’était un démon, d’ailleurs, bien plus qu’une créature de Dieu, Katrin en avait la conviction. Néanmoins, elle ne se démonta pas lorsqu’elle lui retourna :

- Tes victimes n’étaient pas toutes des traîtresses à ton organisation décadente, diablesse ! La plupart étaient de pauvres innocentes que tu as rendues folles par les mêmes châtiments épouvantables que j’endure depuis des heures ! Tu n’avais pas le droit de t’arroger leur vie !

- Allons, allons, ne t’emporte pas comme cela, murmura Justine d’un ton apaisant. J’ai le droit de m’arroger la vie de qui je veux : si cette personne est trop faible pour se défendre, c’est manifestement qu’elle aurait de toute manière succombé à une autre. Et cette autre aurait à coup sûr été moins… délicate que moi. Et puis, un juge le dira sûrement dans un avenir proche ou lointain : c’était aussi leur innocence qui rendait le supplice si follement excitant. Tu n’as qu’à te dire que je suis un peu en avance sur mon temps, si cela peut t’aider à supporter ce qui t’attend.

De part et d’autre, plus un mot ne fut échangé. Katrin ravala sa salive et fixa le plafond, espérant résister à ce qui allait venir, tandis que Justine avançait une chaise basse devant les pieds nus de la prisonnière. Elle s’y installa, les chevilles croisées, et se trouva du coup juste à la hauteur des extrémités vulnérables de la servante. De là, elle présenta ses mains face aux plantes de pieds de la jeune fille, les doigts tournés vers le bas, et pressa ses pouces contre les deux gros orteils de la captive, les forçant à l’extension. Ensuite, elle entama une série d’effleurements langoureux des dessous de pieds de la pauvre fille. Celle-ci se mit aussitôt à remuer faiblement dans un léger cliquetis de chaînes et à gémir doucement. Elle avait été épuisée par de très nombreuses séances ayant précédé celle-ci et la seule pression exercée par les pouces de Justine suffisait à immobiliser parfaitement les deux pieds pour un supplice qui s’annonçait parfaitement insupportable. Les chatouilles que Justine infligeait à sa victime s’apparentaient pour l’instant plus à des caresses, mais le début était prometteur. Comme toujours. La pauvre fille sanglotait et riait parfois lorsque son bourreau accélérait subrepticement le rythme de ses petits agacements.

Justine était un maître. Quelques minutes de cette légère torture d’exaspération avaient déjà raison de Katrin, qui commençait à bégayer entre deux sanglots. Non pas pour supplier, mais pour essayer de défier sa tortionnaire. Lorsqu’elle était sur le point d’y parvenir, les doigts de Justine effectuaient un nouveau mouvement qui empêchait d’autant plus la concentration qu’il était imprévisible, et arrachait à la prisonnière un nouveau cri. C’était terrible, presque autant qu’un vrai supplice, car il donnait l’illusion à la victime qu’elle pouvait résister. Avant qu’une torture plus dévastatrice ne vienne balayer ses dernières chimères, et avec elles toute pensée cohérente.

Justine commença alors à faire frétiller ses doigts sur des points très précis des plantes de pieds de Katrin : au creux du pied droit et à la base du talon gauche. La fille, qui avait cru ses dernières forces évanouies lors des séances précédentes, se cabra soudain avec une contraction musculaire impressionnante qui, sans l’extrême solidité des fines chaînes d’argent, l’aurait arrachée à l’autel. Satisfaite, Justine persista sur ces points ultra sensibles, se délectant des hurlements à la frontière de la démence de la jeune servante. La peau diaphane et extrêmement douce des plantes de pieds de Katrin était une surface lisse où la pointe des ongles agiles de l’impitoyable tortionnaire glissait sans interruption ni régularité. C’était comme un ballet de Cour à Versailles : beau et sans fin, à ceci près que la seule musique perceptible était constituée des cris de la suppliciée, amplifiés par la voûte. Chaque grattement, chaque effleurement, chaque exaspération pulvérisait une à une les barrières mentales que la jeune fille s’était érigées pour protéger son intégrité psychologique. Justine ne fit à aucun moment preuve de pitié mais prenait un plaisir pervers à pousser sa prisonnière à sa plus extrême limite. Lorsqu’il lui apparut que Katrin ne pourrait en supporter d’avantage, elle allégea le supplice en s’éloignant progressivement des points sensibles…pour y revenir à la charge dès que la pauvre fille avait repris quelques forces. Elle fit durer ce jeu un long et délectable moment encore avant de s’arrêter en douceur : il fallait que chaque seconde compte pour cette traîtresse.

Lorsque Justine se releva pour admirer la progression de son chef-d’œuvre, ce fut pour constater que si Katrin avait été à bout de forces avant le début de cette séance, il n’existait pas de mots dans la langue française pour décrire son état actuel. Elle était haletante, l’ensemble du corps recouvert de sueur odorante. Sa peau avait rosi là où elle était attachée, ainsi qu’à la surface de ses plantes de pieds, trop stimulées par les terribles chatouilles. Elle grelottait nerveusement de tous ses membres, en anticipation de ce qui allait suivre. Ses yeux bleus étaient pleins de larmes qui débordaient sur son visage plus qu’elles ne coulaient, vu qu’à ce stade d’épuisement, elle n’avait même plus la force de pleurer. Son menton tremblait, ses dents claquaient et ses cheveux d’or collaient à son visage, ne dissimulant qu’à moitié une expression de détresse infinie.

Justine prit la parole, ne cachant nullement sa satisfaction :

- Bien, minauda-t-elle. Tu me sembles prête pour la suite…et la fin. Tu veux dire quelque chose avant de n’en être plus capable ?

- Je…je…je…

- Oh, comme je te comprends. C’est terrible n’est-ce pas ? Oui, pour l’avoir vécu, je peux te le confirmer. Je ne te l’avais jamais dit ? Pour accéder à une certaine maîtrise, tu comprends bien que j’aie dû aussi m’en rendre compte par moi-même…

- Je…t’en prie…assez…je ne te…dénoncerai pas…je…jure…

Le sourire de Justine s’élargit.

- Tu veux que je te donne ta chance ?

- Oui…par pitié…tout sauf ça…

La grande brune contourna l’autel par un côté et vint se placer à proximité du visage de la prisonnière. Une de ses mains vint délicatement se poser sur un des seins de la jeune fille. Elle le flatta, le chatouilla un peu et commença à en masser le téton tout en parlant :

- Très bien, c’est entendu.

Katrin répondit par une douce plainte : le massage de son sein lui faisait un bien fou après la séance de torture et elle avait recommencé à espérer. Justine poursuivit :

- Cependant, j’espère que tu es consciente que je puisse douter de ta loyauté après que tu m’aies déjà trahie.

- Je…promets d’être sage…pitié…cesse…de me torturer.

Justine répondit par un sourire complice et abandonna l’autel pour se déplacer hors de vue de sa captive. Lorsqu’elle revint, elle tenait dans sa main droite une bande d’étoffe bleu nuit et, de la gauche, cachait quelque chose dans son dos. Elle posa l’objet au sol sans laisser à Katrin une chance de l’apercevoir et entreprit ensuite de la bâillonner en nouant l’étoffe autour de sa bouche. Le contact était soyeux, agréable, et la prisonnière se laissa faire docilement : elle avait promis. Mais elle se débattit en poussant des « Mmmmmh » effrayés à la vue des ustensiles que Justine avait ramassés entre-temps : un pot d’onguent en terre cuite et un pinceau plat et épais, comme ceux utilisés pour repeindre les murs. Elle savait, pour en avoir été témoin, ce que ce pot contenait.

Justine dévissa alors le couvercle avec une lenteur exagérée et plongea son pinceau dans le pot. Elle l’y tourna un moment avant de l’en extraire. Le pinceau était maintenant enduit d’une sorte de pommade blanchâtre. Elle vint ensuite se rasseoir aux pieds de Katrin. Immobilisant le pied gauche de la prisonnière d’une main, elle étala le baume sur toute la surface de la plante, sans oublier de passer le pinceau sous et entre les orteils. Elle fit de même pour le pied droit. La jeune fille secouait la tête de droite et de gauche, miaulait du mieux qu’elle pouvait à travers son bâillon et essayait même de supplier son bourreau du regard. Rien n’y fit : les dessous de ses pieds nus furent entièrement recouverts. Justine se releva, croisa les bras sur sa poitrine et attendit.

Pendant quelques minutes, la suppliciée resta immobile, ses jolis yeux bleus fixant tour à tour le plafond et le regard amusé de Justine. Ensuite, lorsque la crème urticante commença à faire effet sous son pied gauche, ses orteils se crispèrent et ses jambes remuèrent faiblement. Puis, de seconde en seconde, la démangeaison s’intensifia progressivement sous ses deux pieds nus ainsi que, pire que tout, entre ses orteils. Elle avait l’impression que quelqu’un s’amusait à tourmenter ses pieds à l’aide d’un millier de petites aiguilles, se contentant de piquer sans jamais vraiment pénétrer la chair. Ses mouvements étaient devenus plus amples et ses deux pieds s’agitaient en tous sens, l’épiderme surexcité par cette terrible sensation. C’était insupportable, ni plus, ni moins. Au temps où elle avait été infiltrée dans l’entourage de Justine, Katrin avait vu une fille perdre la raison sous cette épouvantable torture. C’était différent des chatouilles, mais tout aussi redoutable. Et pouvait être prolongé plus longtemps et plus facilement.

Justine contempla encore quelques longs instants les contorsions désespérées de sa victime, se caressant délicatement la lèvre inférieure du bout de l’index en un geste terriblement sensuel, avant de tourner la tête vers le boyau qui servait d’issue à la crypte et de lâcher :

- Soyez les bienvenus dans ma salle de torture privée !

Aussitôt, trois femmes et deux hommes entrèrent dans la pièce. Ils étaient tous habillés comme des aristocrates, avec un luxe ostentatoire. A côté, même la tenue de courtisane de Justine semblait discrète et sobre. Ils vinrent tous faire cercle autour de l’autel. Leur hôte les dévisagea : ils étaient tous fatigués et passablement en colère. La forteresse devait être tombée ; il était grand temps pour Justine de mettre le cap sur un horizon plus clément.

- Alors ? grogna l’homme le plus âgé d’une voix grave de baryton, en montrant la prisonnière qui se débattait toujours du mieux qu’elle pouvait. C’est bien elle, la garce qui nous a vendus ?

Justine fit un gracile pas en arrière et désigna la suppliciée d’un geste théâtral :

- Mes Seigneurs, mes Dames, vous avez effectivement devant vous la jeune servante qui a mis toute la branche française de l’Assemblée en péril. Elle n’a pas été facile à démasquer mais elle est maintenant entre vos mains. Vous avez tous renoncé au premier bateau pour l’Angleterre afin de la punir comme elle le mérite.

Une dame environ de l’âge de Justine intervint :

- Depuis que nous nous connaissons, que nous sommes membres de l’Assemblée, vous n’avez eu de cesse de nous répéter qu’il n’y avait pire ennemi que les traîtres. Aujourd’hui nous en prenons toute la mesure à travers le démantèlement de l’organisation qui nous a procuré tant de bonheur. Il serait bien injuste vis-à-vis de votre courage et de votre abnégation, Justine, que nous ne vous rendions pas un dernier hommage, fut-ce au péril de notre vie, en punissant celle qui nous a tous ainsi abusés.

- C’est votre courage qui me touche, madame, conclut Justine. Sachez que je saurai m’en souvenir.

Là-dessus, Justine s’approcha de Katrin qui avait cessé de hurler et qui sanglotait maintenant dans son étoffe. De ses doigts fins, elle défit le bâillon. La prisonnière essaya de parler mais sa tortionnaire l’arrêta, menaçant de la bâillonner à nouveau. Elle lui prit la tête entre ses mains et lui murmura au creux de l’oreille :

- Bien. L’heure est venue de nous dire adieu. Il est probable que tu ne survives pas à ce que ces enragés vont te faire mais je ne serai pas là pour le voir. Si jamais tu me reviens dans une autre vie, je pense que tu auras compris qu’on ne me défie pas impunément. Adieu, donc. J’espère qu’ils prendront leur temps avant de te rendre folle.

Puis, Justine donna à une Katrin désespérée au-delà de tout, un doux baiser de ses fines lèvres. Pendant un sublime instant, la pauvre suppliciée oublia d’un coup l’atroce démangeaison qui meurtrissait toujours ses pieds ainsi que toute sa fatigue pour ne penser qu’à cette langue d’une douceur incomparable qui caressait langoureusement la sienne.

Puis ce fut fini. Lorsque Justine s’éloigna du visage de la petite blonde, cette dernière se sentit encore plus vulnérable. Katrin perçut le pas de Justine qui s’éloignait, alors que les cinq aristocrates se rapprochaient de l’autel, le regard chargé de rancoeur. Une femme s’en prit à son aisselle droite qui fut chatouillée vigoureusement par des doigts fins, arrachant à la prisonnière un nouveau concert de rires nerveux. Puis ce fut au tour d’un homme de s’attaquer à ses deux hanches avec une ardeur toute masculine. Quelqu’un d’autre ajouta à son tourment en lui chatouillant l’autre aisselle. Et puis encore une femme, qui assaillit impitoyablement ses cuisses avec une plume spécialement dédiée à cet effet. Enfin, le dernier homme avait entrepris, pour l’instant au moyen de ses seuls doigts, de stimuler son sexe déjà humide. La torture dans toute sa splendeur décadente. Les hurlements de désespoir et de rire de Katrin se mêlaient chaotiquement à des gémissements de plaisir et des suppliques incohérentes. Tout ce bruit, décuplé par les dimensions de la salle, était assourdissant mais personne ne songeait à bâillonner de nouveau la prisonnière : ils étaient trop impatients de lui faire payer sa traîtrise pour lui accorder le moindre répit.

La jeune femme se débattait de plus en plus faiblement sous les terribles effleurements de ses tortionnaires et ces derniers commençaient à redouter un évanouissement quand soudain, les stimulations sexuelles du jeune homme qui s’y était dédié portèrent leurs fruits lorsqu’un brusque orgasme frappa la prisonnière. Elle poussa un hurlement plus aigu que les autres et sembla retrouver une nouvelle vigueur dans ses contorsions. Les cinq bourreaux en profitèrent immédiatement pour la chatouiller de plus belle. Le garçon qui l’avait fait jouir abandonna alors le sexe pour les pieds de la suppliciée, en prenant soin d’enfiler au préalable des gants de soie pour se protéger de l’onguent qui aiguillonnait toujours les pieds de la pauvre fille. Vicieusement, il ne se concentra que sur un seul pied, pour que le baume continue de faire effet sous l’autre.

Ce supplice groupé était redoutable et les maigres forces de Katrin furent poussées à leurs plus extrêmes limites, jusqu’à son évanouissement. Ses bourreaux, ne lui accordant aucun repos, la ranimèrent et reprirent le cours de la séance, se contentant de varier uniquement les instruments et les techniques. Une fois, deux fois, dix fois le corps de la prisonnière ne tint pas et, à chaque fois, les impitoyables tortionnaires reprirent le supplice là où il avait été interrompu. Les grattements, les effleurements et, pire que tout, l’exaspération infinie de son épiderme, finit par avoir raison de la santé mentale de Katrin après plusieurs dizaines d’heures de torture. Mais ses tortionnaires la gardèrent encore quelques nuits de plus avant de s’en débarrasser en la confiant à une institution appropriée. La trahison était punie mais l’Assemblée était dissoute. Et avec elle une bonne partie de la noblesse française.

Quelque part dans la Manche

Confortablement installée dans la cabine du navire qui l’acheminait vers son avenir, Justine lisait un de ces écrits qui avait conduit à la rébellion. Elle avait du mal à imaginer un pays sans roi, sans caste dirigeante. Et sans les excès que cela impliquait. Partout où il avait eu des gens assez riches et assez dépravés, l’Assemblée avait eu sa place. Organisation hors du temps, inconnue des uns et but d’une vie pour d’autres. La vie de Justine. Elle se leva de son bureau et se dirigea vers le hublot. Elle l’ouvrit et jeta l’immonde écrit révolutionnaire à la mer. C’était du passé, désormais. Seul le futur comptait. Le futur de l’Assemblée.
 
Voici, comme promis, la seconde partie.

A noter qu'elle présente un supplice dont le caractère disons politiquement incorrect ne sera pas forcément du goût de tout le monde. Evidemment, étant donné que j'évoque avant tout mes fantasmes personnels dans mes histoires, je ne livre pas un produit standardisé et aseptisé. Ma démarche est toute autre.

Bonne lecture aux 99.9% d'entre vous qui n'ont pas besoin d'un avertissement aussi ridicule. 😉

Londres, 1889

Elle devait approcher les trente cinq ans et était plus grande que la moyenne. Elle portait une robe bleu nuit qui lui seyait à merveille et qui avait dû coûter extrêmement cher, ainsi que quelques bijoux de fort belle facture. Son corsage serré au plus près mettait ses formes généreuses parfaitement en valeur alors que ses cheveux d’un fascinant rouge sombre étaient coiffés à la dernière mode, avec de nombreuses épingles pour les tenir en place. Elle arborait aussi un grand chapeau qui indiquait plus sûrement que tout le reste qu’elle était de sang noble, au vu de son aspect particulièrement élaboré. Mais ce que l’on retenait le plus chez cette femme était indubitablement son regard. Elle avait des yeux verts qui semblaient luire d’un éclat étrange, comme une pierre précieuse qu’un maître artisan aurait travaillée toute sa vie. Le genre de regard que personne n’oublie après l’avoir croisé.

Anne leva les yeux pour apercevoir son amant qui descendait lentement les marches. Il était habillé avec goût, mais il n’était pas tombé dans le piège facile de l’ostentation, contrairement à la plupart des personnes de son rang. Il portait une veste et un pantalon sombre ainsi qu’une chemise écarlate. Sa cravate y était fichée au moyen d’une épingle qui représentait une tête de loup miniature. Une de ses mains était enfoncée dans la poche gauche de sa veste, d’où dépassait la chaîne dorée d’une montre à gousset, tandis que l’autre balançait avec élégance une canne en bois précieux surmontée d’un pommeau d’argent. Son visage semblait avoir été dessiné par toutes les femmes du monde, comme si chacune avait tenu à représenter ce qui chez elle éveillait le désir. Une œuvre éternelle dont le résultat serait supérieur à la somme de ses composants. Les yeux de l’homme, miroir de son âme, étaient à son image : indescriptibles pour tous ceux qui avaient pu les contempler. Certaines les disaient bleus, d’autres encore les croyaient verts, mais aucune ne pouvait trancher avec précision. Une seule chose était sûre : ils brillaient d’une sorte de feu intérieur qui les rendaient indubitablement fascinants. Cet homme, à quarante ans passés avait fait chavirer le cœur de nombre de femmes, les plus jeunes comme les plus mûres. Certaines d’entre elles avaient même mystérieusement disparu après que leur relation fut terminée. Les rumeurs étaient allées bon train sur ce sujet mais cela n’avait fait que renforcer l’immense pouvoir de séduction du Duc Anton Winfield. A présent, il n’y avait pas une femme de son milieu, de la plus raffinée des Ladies à la plus humble des servantes qui ne rêvait de passer ne fut-ce qu’une nuit en sa compagnie. Et lui, avait le privilège d’honorer celles qu’il voulait, sans tenir compte de l’avis de quiconque.

Lorsqu’il fut rendu au bas des marches, Anne lui proposa sa main pour un baiser galant. Il lui accorda avec un sourire si plein de sous-entendu qu’il parvint à faire rougir la dame, pourtant aguerrie. Elle soutint cependant son regard et lui déclara avec une touche d’ironie :

- J’espère que vous désespériez de me retrouver. Que voulez-vous, c’est bien mon tour de me faire désirer. A votre avis, quel fut le pire supplice, le mien ou le vôtre ?

Il lui retourna sans hésiter :

- Mais les deux ne font-ils pas partie du même mouvement, de ce désir irrépressible qui nous pousse sans cesse l’un vers l’autre ? Vous ne pouvez les opposer.

Puis il ajouta :

- Vous êtes superbe.

La voix du Duc était grave et mélodieuse. Anne lui fit écho avec un léger rire qui mourut aussi vite qu’il avait quitté ses fines lèvres et baissa les yeux. C’était ce que les convenances exigeaient. Elle prit ensuite le bras puissant de son amant afin de gravir l’escalier. Durant la montée, elle se blottit affectueusement contre lui et il y répondit en caressant doucement son abondante chevelure. Ils se rendirent directement dans la chambre. C’était une pièce de petites dimensions pour une chambre à coucher d’aristocrate, mais elle était tout de même assez spacieuse pour accueillir le grand lit à baldaquins et aux draps de soie qui trônait en son centre.

Anne vint s’y asseoir et, avec des gestes lents et calculés, retira les délicates bottines qui enfermaient ses pieds. Lorsque ses chaussures furent au sol, toujours avec lenteur, elle releva sa robe jusqu’en haut de ses cuisses pour découvrir des bas de couleur claire. Elle entreprit de les retirer l’un après l’autre en les faisant glisser le long de ses fines jambes. Elle était pieds nus désormais, et elle savait que son amant n’y était pas insensible. Amusée, Anne nota que ce dernier les fixait avec dans le regard une intensité certaine. Il était vrai que les pieds d’Anne étaient particulièrement soignés : plutôt de petites dimensions, leur peau était pâle sur le dessus et légèrement rosie sur les plantes. L’épiderme avait l’air parfaitement doux, appelant à la caresse. L’invite était trop évidente et un instant plus tard, le duc était assis au bord du lit. Il commença par faire courir ses doigts sur le dessus des orteils de la femme, comme pour tester son approbation, puis il concentra bien vite ses attentions sur les plantes de pieds qu’il gratifia d’un lent massage. Anne se laissa aller de tout son long sur le lit, s’abandonnant aux sensations de bien-être qui la berçaient au sein de ce tendre préliminaire. Tout en poussant de petits soupirs d’approbation, ses mains agiles défirent sa robe. Le Duc la fit glisser longuement le long de son corps, en prenant son temps. Ensuite, sans changer de rythme, il lui retira un à un ses sous-vêtements en la gratifiant d’une série de baisers langoureux qu’elle accepta avec reconnaissance. Elle était désormais nue, à l’exception de ses bijoux, ce qui ne la rendait que davantage désirable.

A son tour, Anne retira avec langueur et grâce les vêtements de son amant, en continuant de l’exciter par de tendres baisers et de légères chatouilles auxquelles il répondait par de puissants frémissements. Lorsqu’il fut nu à son tour, il s’étendit sur elle et vint la pénétrer avec vigueur mais sans brusquerie, respectueusement. Il commença alors à aller et venir tendrement en elle, lui arrachant un profond soupir à chaque mouvement. Anne caressait en rythme le corps parfait de son bel amant, tout en le couvrant de baisers à la fois sauvages et doux qui le stimulaient d’autant plus. Elle ne s’était jamais autant abandonnée, sauf à lui. Elle était en confiance car elle savait que si un seul homme sur terre méritait ses attentions, c’était bien lui. Les va et viens d’Anton s’accélérèrent progressivement ainsi que l’excitation des deux partenaires. L’orgasme les frappa simultanément, avec une force immense qui disloqua durant d’éternelles secondes toute autre sensation, remplacée par le plaisir le plus pur et le plus violent que deux êtres puissent partager.

Le Duc se retira lentement, arrachant au passage un nouveau gémissement à sa compagne, et l’embrassa tendrement. Il l’interrogea :

- Le fiacre t’attendra encore combien de temps ?

Anne eut un sourire mutin :

- Je l’ai renvoyé, mon cher Duc.

Anton, souriant à son tour, vint en elle une nouvelle fois. Tout le corps de la femme se tendit sous la sensation qui l’emportait de nouveau. Entre deux soupirs de plaisir, il lui demanda :

- Appelle-moi par mon vrai nom.

Elle lui répondit en gémissant :

- Oh, Amiel… Ca fait presque un siècle. Tu m’as tellement manqué.

- On ne nous séparera plus jamais, Justine. Plus jamais…

Et un autre orgasme accompagna leurs retrouvailles.

+ + +​

- Voici Lisa Emerson, monsieur.

Le secrétaire qui avait introduit la jeune femme dans le bureau du commissaire s’effaça pour la laisser passer et referma la porte. A l’intérieur, deux personnes précédemment assises se levèrent pour saluer l’entrée de Lisa : le commissaire principal Andrews de Scotland Yard, ainsi qu’un homme plutôt âgé qu’elle ne connaissait pas. Le fonctionnaire se chargea des présentations :

- Miss Emerson, je ne crois pas que vous connaissiez Mr Walter Davidson, ici présent. Mr Davidson travaille au bureau des fraudes.

Le vieil homme s’inclina respectueusement et sembla plutôt troublé par le sourire charmeur que lui lança en retour la jolie brune.

- Mr Davidson, je vous présente l’enquêtrice privée dont je vous ai parlé.

Tous les trois s’assirent. Lisa était effectivement détective privé, la seule femme de Londres à exercer ce métier de façon reconnue, ainsi qu’une des meilleures. A à peine trente ans, elle était aussi habile à la filature qu’au baratin, sans parler de ses compétences en matière de déguisement ou de photographie, sa plus grande passion. Son charme et ses capacités d’adaptation avaient peu d’égaux, et lui avaient permis d’accomplir toutes ses missions avec succès. Plus de neuf fois sur dix, il s’était agi de femmes soupçonneuses de la fidélité de leur mari, ou l’inverse. Cependant, elle avait ponctuellement accepté de travailler sur des affaires de trafics avec Scotland Yard, ce qui avait permis d’asseoir sa réputation auprès de la si peu féminine institution policière britannique. Elle n’en était pas peu fière.

- Eh bien, Andrews, si vous m’expliquiez pourquoi vous avez besoin de mes services ?

L’œil de professionnelle de Lisa nota la façon dont le commissaire triturait le pan de sa veste. Il était nerveux : l’affaire devait être délicate. Il se racla la gorge et commença :

- Chère amie, si je vous ai choisie vous plutôt qu’un autre membre de votre profession, c’est que j’ai besoin d’une discrétion absolue. Jusqu’à présent, vous ne nous avez fait jamais fait défaut de ce côté-là.

Ce n’était pas une question, mais Andrews semblait attendre une confirmation. Lisa le rassura :

- Vous savez que vous pouvez me faire confiance.

- Evidemment. Je vais laisser à Mr Davidson le soin de vous présenter les faits.

- Merci Miles. Voilà, il y a de cela presque un an, un jeune aventurier anobli par la Reine du nom de Winfield – le Duc Anton Winfield – rachetait un ancien asile d’aliénées qui était la propriété de l’Etat afin d’en faire une sorte de club dont le succès auprès de certaines personnes de la très haute société de notre ville n’a jamais démenti.

- Oui, l’Assemblée, observa Lisa. Un de mes clients m’en a parlé une fois. Sa réputation est très sulfureuse, mais jusqu’ici, il m’a été impossible de savoir ce qu’il s’y passe véritablement.

- C’est bien là le problème. Nous savons que des gens viennent de tout l’Empire et même d’Europe pour participer à leurs réunions, y compris des individus qui sont déjà dans notre collimateur. En fait, nous pensons que ce club sert de couverture à divers trafics de très grande ampleur, mais comme vous l’avez fait remarquer, il nous a été impossible d’en savoir davantage. L’endroit nous est complètement hermétique.

- Et pour cause ! poursuivit Andrews. La gérante du club est la maîtresse attitrée du Duc, une certaine Anne DeLesy, apparemment d’origine française. Nos collègues de l’autre côté du channel n’ont rien sur elle, mais il semblerait qu’elle ne recrute que du personnel originaire de ce pays, qui plus est essentiellement féminin. Or…

- Etant donné ma double origine et ma maîtrise de la langue, vous vous êtes dit que je pourrais infiltrer cette Assemblée, l’interrompit Lisa.

- Ce serait effectivement une immense opportunité pour nous, expliqua Davidson. Il se peut que cela ne donne rien, mais je gagerais bien dix Livres qu’il se trame quelque chose de fort peu honnête entre les membres de ce club. Si nous y mettions un terme, l’Angleterre vous en serait redevable… et vous verserait un salaire en conséquence.

Les deux hommes se turent et attendirent la réponse de Lisa. Celle-ci avait déjà pris sa décision, mais elle trouva la nervosité de ses interlocuteurs assez amusante pour prolonger un peu plus leur attente. C’était un vrai travail d’espionne qui l’attendait, non plus un de ces petits engagements sans importance qui constituaient sa routine habituelle. Elle eut du mal à dissimuler l’excitation dans sa voix lorsqu’elle répondit que c’était entendu.

+ + +​

- Ainsi, vous êtes Française mais résidez ici depuis vos douze ans ?

Le regard d’Anne était inquisiteur, par-dessus les feuillets qu’elle tenait à la manière d’un éventail.

- C’est exact. Toutefois, ainsi qu’il en est fait mention dans mes références, je suis retourné là-bas pendant deux ans en 1883 pour m’acquitter d’une tâche.

- M. D’Artigues, je sais. Impressionnant. Il vous a écrit une lettre de recommandation des plus élogieuses.

Lisa sourit poliment, amusée en son for intérieur. Le bureau des fraudes et le Yard avaient joint leurs efforts pour rendre sa couverture crédible. Mademoiselle Lisa Watkins avait ainsi été au service des plus grands personnages, ceux que l’Assemblée connaissait de nom mais qui n’appartenaient pas au cercle des initiés. Elle constituait en fait le genre de personne innocente mais très compétente qu’Anne ne pourrait s’empêcher de rallier à sa cause – d’aucuns auraient préféré le terme « pervertir ».

Anna rassembla les papiers et les déposa sur un coin du bureau avec dans le geste un certain dédain. Elle se pencha légèrement en avant :

- Je ne vais pas vous mentir. Votre parcours professionnel est impeccable, surtout pour une femme de votre âge. En fait c’est bien là ce qui m’étonne. Qu’avez-vous pour séduire à ce point des gens à priori si blasés ?

Lisa soutint le regard d’Anne. Elle y lut cet instinct de prédation et cette arrogance qui caractérisent tant ceux qui jouent avec les vies et s’en amusent. Elle avait rarement rencontré de très grands criminels, mais elle n’avait jamais oublié ces fascinants face à face. Elle avait le don de sentir ces gens, de ressentir leurs besoins et leurs attentes, car ces derniers ne demandaient bien souvent qu’à s’exprimer. Elle se pencha à son tour vers son interlocutrice et lui souffla exactement ce qu’elle voulait entendre, sur un ton presque confidentiel :

- Peut-être ai-je certains talents ? Mes anciens employeurs avaient besoin de personnes comme moi, capables de leur rendre certains services, tout en sachant se montrer discrètes quant à la nature de ces derniers.

Hochement de tête approbateur d’Anne.

- Je vous suis parfaitement. En fait, je crois même que personne ne comprend mieux que moi ce dont vous parlez. Je voudrais simplement ajouter que j’attends de vous, non pas simplement de la loyauté mais une soumission totale. Vous ne rendrez de comptes qu’à moi seule, ainsi qu’à Mr le Duc Winfield. Vous y engagez-vous ? Vous sentez-vous capable de renoncer à tout libre-arbitre ou jugement personnel ?

Lisa n’hésita pas :

- Je m’y engage.

- Alors, félicitations : le poste est à vous. Bienvenue parmi les grands.

Les deux femmes se levèrent. Anne contourna le bureau pour sceller leur accord par une brève poignée de main. Le gant de velours de la dame était d’une grande douceur sur la fine peau de Lisa.

- Quand est-ce que je commence ?

- Immédiatement. Un fiacre nous attend au-dehors pour nous conduire à Ravencroft, dans la banlieue proche. Vous savez, l’ancien asile d’aliénées.

- Je connais. C’est là que se trouve votre club privé.

- L’Assemblée, oui. C’est le club dont je suis propriétaire, et il est en effet très privé. C’est là que vous travaillerez. Je vous expliquerai en chemin ce que j’attends de vous.

Anne et Lisa se dirigèrent vers la porte, mais au moment de la franchir, la dame retint la nouvelle élue par le bras.

- Une simple question : comment m’avez vous trouvée et comment avez-vous su que j’avais besoin de quelqu’un ?

Lisa baissa les yeux avec une timidité feinte et répondit :

- Disons pour parler simplement que vous êtes de celles dont on murmure le nom dans les recoins sombres.

Anne sembla trouver la plaisanterie à son goût car elle eut un rire franc.

+ + +​

Ravencroft. Alors que la voiture contournait une rangée de peupliers pour venir se garer dans une cour, l’impressionnante bâtisse se révéla au regard de Lisa, sous les dernières lueurs du jour. Elle était plutôt grande et son architecture était toute victorienne. Des échafaudages étaient visibles sur la façade ouest. Visiblement, Anne avait commandé des travaux d’agrandissement. Lisa descendit la première, puis proposa son aide à la maîtresse des lieux.

La cour était plus grande que la jeune femme ne l’aurait cru de prime abord. Le vent y soufflait fort en une plainte lancinante, sur un fond de cris des corbeaux qui avaient prêté leur nom au lieu. Les murs de pierre froide superbement sculptés de visages et de formes de rapaces semblaient bouger sous la lumière changeante du couchant. Au fur et à mesure que l’ombre de la demeure s’étendait, Lisa semblait percevoir comme une pulsation dans l’air, comme si un frisson de vie traversait régulièrement la construction inerte et ses alentours. Un endroit à la fois sinistre et plein de charme.

Anne la précéda vers la porte de l’édifice. Le gravier crissa sous les bottines laquées des deux femmes. Elles passèrent devant une série de carrosses qui portaient tous des armoiries ou des symboles similaires. « Les membres de l’Assemblée » avec précisé Anne avec fierté. Lisa trouvait qu’il y avait effectivement de quoi être fière : elle n’avait guère d’excellentes connaissances en héraldique, mais elle avait reconnu les blasons de Lords siégeant à la Chambre du même nom. Ainsi que ceux de grands Princes étrangers, la plupart en exil ou en voyage. Son premier rapport risquait de déjà être assez explosif.

A la grande surprise de Lisa, Anne n’eut besoin d’aucune aide pour repousser la porte d’entrée de bois renforcé qui avait pourtant l’air plutôt lourde. Les apparences semblaient des plus trompeuses, ici. La porte donnait sur une sorte d’antichambre de taille respectable, richement décorée, avec à gauche un comptoir qui barrait l’entrée d’un vestiaire. Une jeune femme accueillante, aux jolis traits vaguement orientaux, peut-être d’origine Perse, y était préposée. Elle souhaita la bienvenue aux deux femmes avec une adorable pointe d’accent, puis débarrassa Anne de son ombrelle, son chapeau et son châle. Après s’être occupée de Lisa, elle écarta les lourdes tentures écarlates qui aveuglaient le seul passage vers l’intérieur, révélant un couloir si long que son extrémité se perdait dans les ombres. Une délicieuse odeur, à la fois sucrée et piquante, peut-être de l’encens, s’en échappa. Elle invita d’un geste très gracieux les deux femmes à y pénétrer, ce qu’elles firent après l’avoir poliment remerciée.

Le couloir était lui-même tendu de rideaux de gaze de couleur rouge sombre qui ne gênaient en rien le passage mais caressaient le visage avec la légèreté d’une brise à mesure qu’on avançait. Des lampes à pétroles fixées sur des appliques murales baignaient le corridor d’une magnifique lueur orange qui laissait tout de même la place aux jeux d’ombre. Anne jetait des regards satisfaits sur le visage de Lisa, qui ne pouvait cacher l’excitation que lui procurait cette atmosphère mystérieuse. Régulièrement, elles passaient devant des portes fermées, dont certaines portaient les noms étranges tels qu’« artère A », ou « veine D », et ainsi de suite. Elles s’arrêtèrent devant une porte qui arborait le mot « Cœur ». Avant d’ouvrir, Anne fit volte-face et toisa Lisa de pied en cap, cherchant à déceler un signe de faiblesse.

- Après avoir franchi cette porte, tu seras initiée à nos secrets. Tu verras ces choses inavouables qui font que nous nous isolons du reste du monde pour pouvoir les faire sans contrainte. En temps normal, nous ne les montrons pas aussi vite à des étrangères, mais… je sens quelque chose en toi. Quelque chose qui nous rapproche, et qui fait que je peux t’ouvrir la porte de nos connaissances. Sache seulement qu’il est hors de question de faire marche arrière après cela. Tu en es consciente ?

Lisa eut un imperceptible frisson d’anticipation, mais soutint le regard de son interlocutrice, comme pour la mettre au défi. Elle ne répondit même pas.

- Très bien, ajouta Anne. Une dernière précision : tu n’es ici que spectatrice, hors de question d’intervenir d’une quelconque façon. Tu ne dois ni parler, ni t’avancer, ni faire quoi que ce soit. Tu regardes, c’est tout.

Sur ce, la maîtresse des lieux fit jouer la poignée et entra la première, talonnée par une Lisa dont l’impatience était à son comble. Le tableau dantesque qui s’offrit alors à elle était parfaitement à la hauteur de celle-ci. La pièce était de forme elliptique, avec au fond une estrade en hauteur devant laquelle était regroupée une foule réduite d’aristocrates et de personnalités, accompagnés ou non de leurs conjoints ou amants. Littéralement en transe, ils fixaient avec intensité ce qu’il se passait sur scène. Ils étaient plongés dans le noir, alors que le spectacle était lui vivement éclairé, comme au théâtre. D’ailleurs, cela avait tous les airs d’une représentation théâtrale, excepté qu’au théâtre, jamais on n’offrait au public d’assister à une séance de torture.

Au centre de l’estrade, en effet, se trouvait un pilori de bois clair, une sorte de poutre en L montée sur des pieds, dont la pointe était dirigée de trois quarts face aux spectateurs. Une jeune fille nue, qui devait avoir à peine dix-huit ans y était attachée par des sangles de cuir noir, imprégnées de la sueur dont elle était ruisselante. Ses mains étaient liées dans son dos et ses jambes avaient été repliées de façon à ce que ses talons touchent presque ses cuisses, puis entravées dans cette position. Son buste était solidaire de la partie verticale du pilori au moyen d’une double entrave, passant à la fois au dessus et en dessous des seins. Une lanière, également en cuir noir, avait été nouée autour de son visage, servant de bâillon. Il semblait toutefois pourvu d’une partie rigide en anneau qui lui maintenait la bouche grande ouverte, ce qui n’étouffait en rien ses hurlements hystériques. Sa tête n’était pas immobilisée et elle l’agitait en tous sens comme si cela pouvait atténuer la torture. De la salive s’échappait en filets de ses lèvres béantes pour s’écraser sur sa poitrine ou pour asperger le sol en gouttelettes brillantes.

Mais le plus surprenant était sans doute la torture à laquelle elle était soumise. Deux jeunes femmes à peine plus âgées qu’elle, également nues et aux tendances lesbiennes évidentes étaient en train de lui chatouiller les pieds. Ses orteils étaient entravés par des cordelettes de façon à les forcer à l’extension dorsale et à l’écartement. L’une des filles était munie d’un pinceau aux poils à l’évidence d’une horrible douceur, tandis que l’autre grattait la plante de pied offerte de ses seuls ongles manucurés. De temps à autre, elles attaquaient les petits espaces ultrasensibles entre les orteils, ce qui faisait hurler leur prisonnière de plus belle. Elles semblaient connaître leur affaire et faisaient preuve d’autant de talent que de cruauté dans leurs redoutables effleurements. Un troisième bourreau féminin, debout et légèrement de côté pour que chacun puisse profiter du spectacle, pinçait quant à elle les hanches de la victime, suscitant chez elle d’impressionnants soubresauts, fort heureusement contrés par son bondage. Parfois, les tortionnaires ralentissaient leurs efforts pour ménager la résistance de la fille autant que le suspense. D’autres fois les terribles effleurements se synchronisaient suite à une série de clins d’œil complices, pour plonger la prisonnière dans des abîmes de sensations insoutenables qui se traduisaient par des plaintes d’un niveau sonore à la limite du supportable et des mouvements d’une extrême violence. Plus d’une fois, Lisa crut que la pièce de bois allait exploser sous les assauts du corps de la suppliciée.

Un claquement de doigts retentit. Aussitôt, les filles arrêtèrent net de chatouiller leur victime et s’écartèrent. La tête de la pauvre fille retomba sur le côté, presque inerte. Elle cherchait à reprendre son souffle, la respiration irrégulière, lourde et sifflante. Elle était visiblement à bout de forces et se mit à pleurer, en sanglots brefs et hachés. Voilà donc à quoi ressemblait une jeune fille torturée, songeait Lisa. Elle ressentait une infinie compassion à son égard, et aurait pu intervenir. Mais même en admettant que le sauvetage fut couronné de succès, son témoignage n’aurait aucune valeur de preuve, et Lisa n’aurait plus jamais d’autre occasion d’en obtenir. Elle se résigna donc à laisser le supplice se poursuivre, ainsi que certainement plusieurs autres à venir. C’était injuste, mais c’était la seule façon d’arriver à démanteler l’Assemblée.

L’homme qui avait fait cesser le supplice était assis sur un siège, à l’extrémité gauche de la scène. Sa position excentrée l’avait dissimulé à l’attention de Lisa, du fait du caractère extraordinaire de ce à quoi elle venait d’assister, mais elle le reconnaissait à présent. Il s’agissait du Duc Anton Winfield, un des hommes les plus mystérieux et séduisants du Royaume. On le voyait peu, mais il était de ceux qu’on ne pouvait oublier. D’ordinaire, son charme le rendait plutôt sympathique, mais ici, lové dans son fauteuil, dardant sur la prisonnière un regard méprisant et cruel, Lisa le trouvait terrifiant. Elle se sentait gelée en son for intérieur, et elle arrivait avec peine à imaginer ce que devait ressentir la jeune fille qui était à sa merci. Pour rien au monde Lisa n’aurait voulu que son sort dépende d’un tel homme. Ce dernier se leva avec élégance, puis esquissa quelques imperceptibles pas de danse en avançant vers le milieu de la scène. En un instant, tous les yeux s’étaient fixés sur lui. Et lorsqu’il parla, sa voix grave et mélodieuse résonna dans un silence de cathédrale :

- Mes Seigneurs, mes Dames. Voilà trois jours que nous soumettons à votre regard averti le supplice de cette fille. Désormais, vous la connaissez par cœur, jusqu’au tréfonds de son âme. Vous savez mieux que personne, comment la briser, comment en faire ce que vous désirez. Elle vous appartient. Et comme le veut la tradition, nous allons vous la remettre, du moins à l’un d’entre vous. Vous n’aurez alors plus aucune contrainte et pourrez lui faire absolument tout ce que vous voudrez aussi longtemps que vous le voudrez.

Le Duc laissa passer un moment, le temps que l’impatience de la foule devienne paroxystique. Anne en profita pour glisser à l’oreille de Lisa :

- Attention, ce qui va suivre ne te concerne pas. Même si tu en as très envie, tu devras te tenir à l’écart. Rappelle-toi ce que je t’ai dit avant d’entrer.

Lisa resta muette. Elle se demandait si elle avait réussi à garder un visage assez neutre pour ne pas éveiller les soupçons quant à l’horreur qu’elle concevait de cette situation.

Winfield poursuivit :

- Toutefois, conformément à nos règles, vous devrez mériter ce que vous obtenez. Et dans ce but, j’ai conçu une petite épreuve pour notre amie dans laquelle vous aurez votre rôle à jouer. Mais pour commencer, nous allons permettre à cette dernière de se désaltérer.

Sur un discret signe de tête du Duc, deux des trois bourreaux bondirent sur la prisonnière. L’une d’entre elles lui tira la tête en arrière, de façon que l’arrière de son crâne repose sur le sommet de la poutre supérieure, le visage tourné vers le haut. L’autre l’immobilisa en bouclant prestement une épaisse sangle autour de son front. Puis cette dernière se joignit à la troisième pour aller chercher quelque chose en coulisses. Elle en ressortit avec un tonneau en bois, haut d’à peu près un mètre cinquante. Il devait être assez lourd, car elle dut le faire rouler jusqu’à la prisonnière avant de le redresser à la verticale avec l’aide de celle qui était restée. Ce n’est que lorsque la troisième revint en tenant dans ses mains une grosse louche en métal pourvue d’un long manche et un entonnoir de fer que Lisa comprit quel serait le prochain supplice. C’est alors que la foule, qui ne pouvait contenir son excitation plus longtemps se mit à applaudir les trois bourreaux à tout rompre. Ces dernières saluèrent l’assistance en souriant, un peu surprises mais ravies. Cette explosion d’enthousiasme dura un certain temps, puis les applaudissements finirent par mourir. Les bourreaux laissèrent les derniers échos retomber, au profit d’un silence menaçant, seulement troublé par les halètements paniqués de la jeune fille, qui sentait toute l’attention se reporter sur elle.

L’une des tortionnaires s’approcha. Avec des gestes d’une lenteur calculée, elle enfonça l’entonnoir dans la bouche ouverte de la fille qui paniquait de plus en plus. D’une main, elle le maintenait à la verticale, alors que de l’autre elle fit un signe à celles de ses complices qui tenait la louche. Cette dernière vint à son tour se porter à la hauteur de la prisonnière, puis plongea son ustensile dans le tonneau, préalablement ouvert par la troisième. On entendit le clapotis menaçant de l’eau dont il était rempli. Elle en versa une première lampée dans la gorge de la fille et laissa passer une seconde le temps qu’elle avale. Sa gorge se contracta un instant, mais son état d’épuisement faisait qu’elle accueillait cette eau fraîche avec reconnaissance. Pour l’instant. La tortionnaire réitéra son geste une seconde fois, puis une troisième, et ainsi de suite. Au bout d’une dizaine, elle passa le relais à celle qui était restée près du tonneau.

La fille semblait déjà rencontrer des difficultés. Elle mettait de plus en plus de temps pour avaler le flot discontinu de liquide déversé en elle avec une effrayante régularité. Lentement, gorgée après gorgée, ses bourreaux étaient en train de la remplir d’eau. On la voyait parfois s’échapper de la commissure de ses lèvres en fins ruisselets qui coulaient le long de son corps, pertes dérisoires. Entre deux versements, la suppliciée gémissait, ses cris curieusement déformés par la forme conique de l’entonnoir. On distinguait parfois quelques syllabes d’une supplique à peine articulée. Et toujours cette eau qu’on versait. Le bruit humide de succion produit à chaque avalement. Imperturbables, les bourreaux continuaient la torture, intervertissant leurs rôles toutes les dizaines de gorgées. Vicieuses, elles s’arrêtaient parfois pour apostropher l’assistance avec des « Encore ? » ou « En a-t-elle eu assez ? ». Bien sûr, les spectateurs encourageaient la reprise du supplice par des clameurs enthousiastes, ce qui arrachait un nouveau cri de désespoir à la prisonnière, avant que celui-ci ne soit noyé par un autre flot.

Le ventre de la fille avait sensiblement enflé. Lisa remarqua un nouveau détail atroce : son bassin était ceint d’une sorte de culotte de cuir de même facture que ses entraves. L’intérieur de la partie couvrant le sexe semblait pourvu d’un renflement qui l’obturait totalement : elle ne pouvait pas uriner. Le sang de la détective se glaça lorsqu’elle préjugea des effets douloureux que cela devait avoir sur la vessie de la suppliciée.

Nouveau claquement de doigts de Winfield, ce qui mit derechef un terme à la torture. Les bourreaux retirèrent rapidement l’entonnoir et reculèrent, admirant leur travail. La fille avait été littéralement gorgée d’eau, au moins quatre pintes et demi. En dehors de son ventre, sa gorge aussi avait enflé sous l’effort et elle sanglotait, autant de douleur que d’humiliation.

Le Duc s’exprima :

- Eh bien, elle semble vouloir rendre par les yeux ce que nous lui avons patiemment fait ingérer.

Eclat de rire général. Winfield le calma d’un geste.

- Comme promis, l’un ou l’une d’entre vous va pouvoir entrer en possession de cette charmante jeune personne. Les règles sont simples : je vais désigner arbitrairement certaines personnes parmi l’assistance, lesquelles personnes désignées devront monter sur scène. Là, le ou les heureux élus auront dix minutes pour chatouiller notre amie dont aura préalablement ôté le dispositif l’empêchant de se soulager. Si les chatouilles parviennent à provoquer ce soulagement, alors la personne chatouillant aura remporté le trophée. Si la jeune fille résiste à six assauts consécutifs, alors en plus de notre respect à tous, elle aura gagné sa liberté.

Puis, à l’attention des tortionnaires :

- Rendez-lui la parole.

Les jeunes femmes se précipitèrent sur la suppliciée, détachèrent la sangle qui immobilisait son front, et lui retirèrent son bâillon. Lentement et avec difficulté, la fille redressa la tête. Elle était assez pitoyable. Ses cheveux collaient à sa figure, les contours de sa bouche étaient marqués de rouge à cause du serrage de la lanière et ses lèvres tremblaient. Son regard perdu et suppliant accrocha sur sa droite celui, cruel, de Winfield. Celui-ci s’avança vers elle, jusqu’à presque toucher son visage du sien. Il lui souffla, comme s’il s’adressait à elle seule :

- Nous sommes d’accord ? Une heure de torture, une simple petite heure de torture pour t’éviter l’éternité. Ce n’est pas cher payé au regard de ce que tu as déjà subi n’est-ce pas ? Tâche de ne pas nous décevoir.

Il ne se détourna pas avant de voir une lueur d’espoir renaître dans les jolis yeux bleus de sa victime. Cet instant magique, que tous les tortionnaires aguerris savent apprécier, ce moment où pour tous les deux, le bourreau comme la victime, tout devient possible. La psyché de la prisonnière lui bâtit une illusion où elle résiste finalement à tout, et le maître frissonne en pensant à l’effondrement de cette dernière. Le délicieux moment qui précède l’assaut final.

Les trois filles retirèrent avec dextérité la culotte de la suppliciée, sans déclencher le moins du monde de réflexe regrettable qui aurait mis un terme prématuré à l’épreuve. Elles n’eurent même pas besoin de lui délier les jambes puisque les attaches de la culotte se trouvaient sur les côtés. Une fois déliée, elles n’avaient plus qu’à la faire délicatement glisser sous elle pour révéler un sexe impeccablement rasé. Elle était prête.

Le Duc se tourna vers les aristocrates. Il feignit d’hésiter, pour montrer à tous qu’il n’était pas le simple animateur d’un jeu pervers, mais bien le maître d’œuvre. Il finit par pointer le doigt sur une femme d’une quarantaine d’années, si proche de Lisa que cette dernière crut d’abord que c’était à elle qu’on s’adressait. Elle se sentit rassurée que ce ne fut pas le cas.

- Honneur aux Dames. Lady Perkins, si vous voulez bien commencer.

La femme ne se fit guère davantage prier. Winfield lui proposa une galante main pour grimper sur l’estrade. Elle était visiblement ravie et très excitée d’être là et avait un mal fou à le dissimuler. Les trois lesbiennes s’avancèrent, un jeu de plumes très diverses entre leurs mains. Le Duc expliqua :

- Oh, j’allais oublier : seules les plumes sont autorisées. Ce serait trop facile. Vous pouvez toutefois choisir celles que vous désirez.

La femme s’empara d’une élégante plume de pintade, longue et effilée. Très féminine. Elle se rendit alors auprès de la fille qui inspira un grand coup, anticipant les terribles sensations, et l’attaqua aussitôt. Elle vint d’abord taquiner avec insistance ses haches, l’une après l’autre alternativement, par de petits mouvements frétillants. La prisonnière se tendit et poussa de petits cris de réprobation, se contractant de nouveau dans ses liens. Lady Perkins poursuivit un moment dans cette voie, puis frustrée de voir que cela ne donnait rien, elle changea de stratégie : elle fit effectuer à sa plume des cercles de plus en plus petits, comme si elle dessinait un cyclone, à même la peau de la vessie. Cela sembla effectif sur la pauvre fille, mais ne parvint pas à la forcer à uriner avant la fin des dix minutes.

Le suivant était un solide Comte Prussien du nom de Keller. Visiblement habitué à diriger des troupes autant que des discussions mondaines, il prit comme une insulte le fait que la fille ne cède pas devant les terribles effleurements du duvet qu’il avait choisi. De rage, il allait dépasser le temps imparti quand le Duc Winfield l’arrêta d’une voix douce mais ferme :

- N’oubliez pas nos règles, herr Gräfer. Pour rien au monde vous ne voudriez les enfreindre sachant ce qui vous attend si vous le faites, oder ?

A ces mots, le Comte s’arrêta net, bafouilla de vagues excuses, et descendit de la scène sous les regards pesants de l’assistance.

Vinrent alors deux jeunes personnes, un certain Lord héritier Hopkins ainsi que sa maîtresse légèrement plus âgée. Ils semblaient plus sereins que les précédents, et Lisa décela en eux des vainqueurs potentiels. Evidemment, Winfield ne choisissait pas les bourreaux au hasard. Il venait de donner le signal de la curée et la seule à ne pas s’en être rendue compte, c’était justement la prisonnière, bercée d’illusions pour seulement encore un bref moment.

Les rôles étaient déjà répartis. La jeune femme avait opté pour une plume rigide et fine, permettant une grande précision, tandis que son compagnon avait repris à son compte le grand morceau de duvet qu’avait utilisée Keller. Ils s’agenouillèrent de part et d’autre de la fille et la chatouillèrent avec une fausse désinvolture, usant de tout leur talent sans en avoir l’air, comme si c’eut été la chose la plus naturelle au monde. La maîtresse attaquait des petits points sensibles autour de la vessie, repérés au préalable lors des supplices précédents, tandis que le garçon titillait tour à tour les lèvres du sexe de la prisonnière et son aine. Leur but était de rendre la contraction du sphincter si douloureuse en stimulant les muscles alentour, que la suppliciée serait forcée de le relâcher ne ce fut-ce seconde. Le reste s’enclencherait tout seul, s’ils parvenaient à lui arracher cette simple seconde, ce bref instant de soulagement qui l’amènerait à sa perte. De son côté, les cris de la fille avaient atteint le suraigu. Elle secouait la tête en tous sens, criant son désespoir autant que sa volonté de ne pas céder. Jusqu’aux derniers moments du supplice, on eut pu croire qu’elle y parviendrait. Puis, les bourreaux assénèrent le coup de grâce. Suite à un double effleurement parfaitement exécuté et synchronisé, la prisonnière se mit à uriner violemment, en un flot continu qu’elle accompagna d’un cri terrible. Le cri d’une condamnée. Les deux jeunes gens qui l’avaient torturée se reculèrent afin d’éviter toute aspersion, et poussèrent le vice jusqu’à accompagner le soulagement de leur victime de chatouilles sous les aisselles, jusqu’à ce que l’écoulement libérateur se tarisse.

Une ovation générale salua les vainqueurs de l’épreuve. Sur un geste du Duc, les trois lesbiennes se jetèrent sur la prisonnière qui, épuisée, s’était évanouie. Elles la détachèrent enfin, puis la portèrent littéralement jusqu’en coulisses où elles disparurent de la vue. Winfield alla serrer la main des deux jeunes gens, les congratulant pour leurs efforts. Alors qu’ils descendaient de la scène, toujours sous les félicitations du public, Lisa sentit qu’on lui étreignait le bras. C’était Anne :

- Viens, ils ne doivent pas te voir.

C’était une Lisa stupéfaite, le souffle court de l’intensité de ce à quoi elle avait assisté qu’Anne entraîna au-dehors.

A suivre
 
Bravo. A quand Privilèges III?

Les adjectifs me manquent pour qualifier ce texte d'une remarquable qualité et intensité! A quelle date peut-on escompter découvrir Privilèges III?
 
Merci pour ces encouragements.

Comme je l'ai dit, il faudra être patient : je ne vais pas tout jeter en deux jours sur le forum. Toutefois, il y a de grandes chances que vous puissiez découvrir la suite des aventures de Lisa courant mai-juin. Je m'accorderai une pause en juillet-août loin de la France, puis à partir de septembre je pense publier mes autres récits sur un site Internet à part entière.

A bientôt.
 
Bravo pour ce récit tout autant passionnant que passionné, même si le fantasme de la miction ne me chatouille guère les sens. J'imagine que l'originalité (je ne me souviens pas en avoir déjà lu en français) de ce fantasme t'as semblé justifier les précautions préliminaires. J'aime beaucoup cette phrase de Jean Lartéguy : "le plaisir véritable est douloureux et avilissant, sinon il s'apparente aux simples fonctions organiques. Quand tu fais la guerre tu risques ta vie, quand tu fais l'amour tu dois risquer ton âme". Elle me semble appropriée pour te donner, en toute modestie, mon point de vue sur cette question. Et puis surtout ne te formalise pas du peu de retours dans ce forum : ils ne doivent, dans un monde parfait, n'influencer en rien l'envie d'écrire. "Le désir naît de la volonté". J'attendrai pour ma part la suite avec impatience.
 
Tickleuse avait dit de la partie francophone du TMF : "on pourrait entendre résonner les touches d'un clavier". Je sais que l'absence de retour était inévitable ici, je ne fais qu'un peu de teasing en attendant un écrin plus consistant.

Ce n'est pas tant l'action d'uriner qui m'intéresse mais plutôt le supplice de l'entonnoir. Un fantasme encore moins partagé, difficile à intégrer de manière crédible dans un film, fétichiste ou non, et à ma connaissance peu décrit, romancé ou photographié, en français comme en anglais. Ce manque me pesait depuis tellement longtemps que j'ai décidé d'y apporter ma propre contribution, pour l'extérioriser quelque peu. N'est-ce pas après tout une démarche similiaire qui nous conduit tous deux à écrire ?

En ce qui me concerne, je ne tire que de la satisfaction de l'écriture, jamais de plaisir. J'écris parceque j'en ressens la nécessité. Et peut-être aussi par orgueil.
 
Le problème que je vois avec le supplice de l'entonnoir est qu'il s'agit d'une technique de véritable torture plus que jamais d'actualité. D'innombrables romans décrivent des actes de torture et je suis personnellement opposé à toute censure. Mais dans notre contexte, fantasmer sur cette situation te fait à mon sens franchir la ligne blanche, que tu le veuilles ou non. Pour paraphraser les dialogues d'un film que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, la différence entre le fantasme et la torture, c'est le consentement (de la victime bien sûr). La nuance me paraissait d'importance, surtout dans un texte publié donc public.
 
Peheff said:
Le problème que je vois avec le supplice de l'entonnoir est qu'il s'agit d'une technique de véritable torture plus que jamais d'actualité. D'innombrables romans décrivent des actes de torture et je suis personnellement opposé à toute censure. Mais dans notre contexte, fantasmer sur cette situation te fait à mon sens franchir la ligne blanche, que tu le veuilles ou non. Pour paraphraser les dialogues d'un film que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, la différence entre le fantasme et la torture, c'est le consentement (de la victime bien sûr). La nuance me paraissait d'importance, surtout dans un texte publié donc public.

Actualité ou pas, c'est mon fantasme et je l'assume totalement : on peut fantasmer sur certaines choses et savoir où se situent le bien et le mal, à savoir ne pas commettre l'irréparable. C'est là qu'est la limite pour moi. Il n'y a pas de honte à fantasmer sur une scène de torture réelle ou se sentir sexuellement excité par une certaine scène de Saw III, pour n'en citer qu'une. Le SM est aujourd'hui reconnu comme un fantasme à part entière, non ?

Cela dit, entendons nous bien, je n'approuve en rien les actes de l'armée chinoise ou de quelconques tortionnaires réels. Ce sont des criminels, point. Il n'empêche que je serais hypocrite de ne pas reconnaitre mon excitation devant leurs méfaits.

Mais à titre de précision, mon fantasme préféré reste tout de même celui des pieds et des chatouilles au cas où quelqu'un en douterait. Je suis incapable d'écrire sur ce qui ne m'excite pas. Si occasionnellement je "déborde du cadre", c'est encore une fois que je ne me préoccupe guère des standards.
 
Last edited:
Hmm tenebrae, qu'entends tu par "courant mai-juin" pour la publication de la suite? Elle est déjà écrite, tu peux donc être plus préçis, non?
 
Je vais faire une réponse de Normand : quand je penserai que vous aurez attendu assez 😉. Non, sérieusement, il faut bien ménager le suspense. C'est comme une bonne série : s'enfiler les 24 épisodes d'un coup n'est jamais très agréable, du moins de mon point de vue.

Mais allez, on va dire que la semaine prochaine pourrait être une période de sortie suffisante.

Si tu veux tout savoir, j'ai très exactement une histoire et demie d'avance. Mais il y a toujours des choses à revoir, de fastidieuses relectures à faire. Et puis, la dégustation, c'est tellement meilleur.

A noter qu'il y aura une partie IV, laquelle sera la dernière. Ensuite, ce sera un autre récit.

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