Tenebrae
4th Level Yellow Feather
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Voilà donc ma troisième histoire publiée sur ce forum. Une fois de plus, je ne saurai vous remercier jamais assez pour votre patience. L'écriture est un dur labeur, long et fastidieux. Je le fais sur mon temps libre et croyez moi quand je vous dis que je n'en ai pas vraiment eu ces derniers temps. J'ai aussi une petite amie, une famille et des amis que je vois régulièrement, sans compter mes études qui demandent un travail assidu. Je ne vous dis pas cela pour me plaindre, simplement pour que vous compreniez bien que je ne peux pas matériellement avoir un rythme de publication stakhanoviste.
Bref, une fois passées ces considérations un peu terre-à-terre, voici quelques détails supplémentaires sur cette histoire. Elle sera elle aussi la première d'une série, même si j'hésite encore à la diviser en deux ou trois parties. Elle ne contient pas (pour le moment 😉) de scènes susceptibles d'offusquer le fétichiste moyen, contrairement à mes précédentes nouvelles, mais elle a tout de même le caractère âpre que je confère généralement à celles-ci. Vous êtes prévenu, monsieur le censeur![Biglaugh :blaugh: :blaugh:](https://www.ticklingforum.com/nonvb/smilies/Biglaugh.gif)
En espérant que ce qui suit vous plaira. Enjoy !
Ne tenant aucun compte du regard suppliant de Kyra, les gardiennes la traînèrent sans ménagement jusqu’à la table d’examen. Elle y fut couchée de force, nue, et attachée avec des sangles, les bras tendus à quatre-vingt dix degrés de part et d’autre de son corps, les jambes largement écartées. Ensuite, elles se reculèrent prestement et laissèrent les médecins faire leur travail. Celles-ci, s’avançant auprès de la jeune femme immobilisée, approchèrent les chariots sur lesquels reposaient leurs instruments. Par anticipation, alors qu’elle n’avait même pas été touchée, la prisonnière se mit à pleurer. Des larmes d’impuissance. Elle se débattait contre ses liens, essayait d’arracher son bâillon mords, ne pouvant se résoudre à être torturée une fois de plus. Mais c’était toujours le même rituel, lors des séances : d’abord l’attente, interminable, qui était déjà un supplice en soi. Ensuite, les gardiennes venaient la chercher dans sa chambre et l’emmenaient ligotée sur un brancard jusqu’à la salle de recherche. A la suite de quoi, elle était de nouveau entravée, sur la table de torture cette fois-ci. Et là, c’était le personnel médical qui prenait le relais : les expériences pouvaient commencer.
Déjà Aurélie, la médecin-chef qui dirigeait toutes les sessions, préparait son injection habituelle : un liquide clair comme de l’eau dont Kyra ignorait le nom. La femme lui enfonça l’aiguille dans le bras avec sa dextérité coutumière et lui injecta le premier produit. Désespérée, Kyra en ressentait déjà les effets alors que le sérum se diffusait dans son organisme : la tête lui tournait et elle se sentait confuse, oppressée. Aurélie vérifia consciencieusement la dilatation de ses pupilles à l’aide d’une petite lampe idoine, puis lorsqu’elle eut confirmation que la drogue agissait bel et bien, elle prépara l’injection suivante. Cette fois, il s’agissait du liquide opaque, dont la jeune femme n’ignorait aucune des terrifiantes propriétés. Une fois la piqûre terminée, Kyra percevait les premiers signes de la stimulation sexuelle forcée : les pointes de seins qui se dressent, la chaleur moite irradiant son bas-ventre, et surtout la sensibilité accrue de son épiderme. Là encore, Aurélie se donna quelques instants pour vérifier que le produit agissait. Puis lorsqu’elle en eut la certitude elle se tourna vers ses collègues en leur lançant, sur le ton de celle qui adore son travail :
- Elle est prête. Mesdames, à vous de jouer !
Les trois femmes en blouse blanche s’approchèrent de Kyra, qui était au comble de la panique. La première d’entre elles, une blonde à la beauté glaciale prénommée Tanja vint lui chatouiller les aisselles, en de petits gestes experts qui trahissaient la formation de pointe qu’elle avait reçue. Kyra se tendit de tout son corps et éclata immédiatement de rire dans son bâillon. La blonde joua avec elle, la titillant sans la chatouiller franchement, afin de pouvoir augmenter l’intensité des sensations par la suite. Elle s’autorisa toutefois à descendre par à-coups sur les côtes de sa victime, qu’elle torturait du bout des ongles, arrachant à la pauvre fille des plaintes aiguës. De son côté, Kyra luttait avec frénésie contre les sangles, dans le vain espoir de pouvoir abaisser les bras, protégeant ainsi son torse nu et vulnérable. Evidemment, c’était inutile, et elle ne réussit qu’à se fatiguer, émoussant sa résistance déjà affaiblie par les drogues.
Quelques minutes seulement après le début de l’expérience, le supplice gagna encore en puissance lorsque les deux autres médecins, restées jusque-là inactives, contemplant les violentes contorsions de leur prisonnière, entrèrent en action. Se munissant de pinceaux de calligraphie ramassés sur le chariot d’accessoires, elles empoignèrent les orteils de Kyra, les forcèrent à l’extension, et se mirent à lui chatouiller les pieds, chacune le sien. Du talon jusqu’à la base des orteils, avec des mouvements parfaitement maîtrisés, elles mirent à profit avec une délectation visible la précision de leurs instruments afin d’envoyer leur victime en enfer, pendant que leur consoeur continuait de la chatouiller sous les bras. La jeune femme, qui ne supportait déjà pas les premiers effleurements devint folle sous l’effet de toutes ces exaspérations conjuguées. Son champ de vision se rétrécit brutalement, tous ses sens autres que le toucher étant comme annihilés par la force des sensations si dévastatrices qu’elles étaient comme un torrent emportant tout sur son passage. Elle flottait ailleurs, naufragée perdue au milieu d’un océan de torture, se raccrochant à sa santé mentale comme à un morceau d’épave pour ne pas sombrer totalement. Sa poitrine nue se soulevait irrégulièrement, au rythme de ses rires hystériques et occasionnellement de ses hurlements déments dès lors qu’un point particulièrement sensible était exploré. Déjà, les femmes qui lui torturaient les pieds avaient attaqué l’un de ses points faibles : le milieu de sa plante. Les hurlements se firent alors discontinus, insupportables malgré le bâillon pour un spectateur non averti, mais encourageants pour les professionnelles présentes. Mais le pire était encore à venir.
Sur un geste d’Aurélie, le supplice cessa. Le souffle court, haletante, Kyra la vit à travers un brouillard de larmes faire le tour de la table de torture. Avec un sourire cruel, elle prit un vibromasseur sur le chariot. Le brandissant délicatement du bout des doigts, elle jeta à la jeune femme sur un ton de fausse innocence :
- Si nous entrions maintenant dans le vif du sujet ?
Kyra s’éveilla en hurlant, couverte de sueur. Cela faisait presque six mois qu’elle s’était échappée, mais elle ne cessait de revire les pires moments de sa captivité en rêve, comme s’il avait subsisté une partie d’elle-même qui serait encore entre les mains de ses tortionnaires. Emportée par la violence de son cauchemar, elle s’était redressée d’un bond, s’asseyant malgré elle sur le matelas. Confuse, elle prit son visage entre ses mains et respira profondément, essayant de ravaler ses larmes. Alors même qu’elle allait éclater en sanglots, elle sentit la caresse d’un bras féminin qui entourait ses épaules avec douceur. Celui de sa compagne, Marine, qui vivait avec elle depuis plusieurs semaines. Leur rencontre avait permis à la jeune femme de remonter progressivement la pente. Même si elle vivait terrorisée à l’idée d’être reprise, Marine lui avait appris, pas à pas, à avoir de nouveau confiance. D’abord en elle-même, puis ensuite aux autres. C’avait été un long apprentissage, mais la charmante jeune femme avait réussi à venir à bout de chaque obstacle jusqu’à présent. Evidemment, Kyra ne lui avait pas raconté son histoire, de peur qu’elle ne la croie pas, mais sa compagne savait que cela viendrait en son temps. Sur un ton maternel, elle lui souffla :
- Là, ma chérie, là… Je suis avec toi. C’est fini, tu n’es plus toute seule.
Elle déposa sur sa joue un petit baiser de réconfort, puis continua :
- Tu es forte, maintenant. On est fortes toutes les deux. Ils ne peuvent plus rien te faire.
- Elles… sanglota Kyra.
- Quoi ?
- Elles… C’étaient toutes des femmes.
Marine se mordit la lèvre. Allait-elle enfin savoir ?
- Continue.
Kyra la fixa dans les yeux, malgré la pénombre qui régnait dans la chambre. Elle écarta tendrement une mèche des cheveux roux de sa petite amie et lui sourit. Un sourire gêné.
- Non, oublie, j’ai pas vraiment envie d’en parler. Excuse-moi, je me sens pas prête. Pas encore.
Cachant sa déception, Marine posa ses lèvres sur celles de sa belle pour un tendre baiser. Sa langue vint amoureusement caresser celle de Kyra qui se détendit aussitôt, oubliant son cauchemar le temps d’un instant de plénitude. Tout en l’embrassant, la jeune femme glissa ses mains sous le t-shirt de sa compagne, et d’une légère pression, elle l’invita à se rallonger.
- Dors mon amour, il n’y a plus de raison que tu fasses d’autres mauvais rêves.
Le matin suivant, Marine se réveilla avant Kyra. Elle se leva sans un bruit et alla faire sa toilette, puis s’habilla. Pendant qu’elle enfilait ses vêtements, elle vit que sa compagne émergeait à son tour. Alors que celle-ci battait des paupières et se redressait doucement, Marine la salua de la main, comme une gamine, et lui lança un « bonjour » enjoué. Elle ajouta qu’elle allait préparer le petit déjeuner, et devant le peu de réaction de la jeune femme, elle attrapa un oreiller et le lui lança en plein visage. Kyra encaissa l’impact sans broncher, restant un instant interdite, puis elle empoigna le polochon à deux mains et bondit du lit pour attaquer son amie en riant. Elle lui distribua une série de coups qui l’obligèrent à se recroqueviller sur elle-même, les bras protégeant sa tête. Puis, au moment opportun, elle agrippa les poignets de Kyra, et lui fit une prise adroite qui la fit chuter au sol. Elle se coucha ensuite sur elle de tout son poids pour l’empêcher de se relever, la tenant toujours par les bras, et essaya de l’embrasser, mais Kyra agitait la tête de droite et de gauche pour l’en empêcher. En désespoir de cause, Marine lui lâcha un bras et la chatouilla par surprise sur le flanc. La réaction de Kyra fut pour le moins inattendue : elle poussa un glapissement de terreur et projeta sa petite amie sans ménagement sur le côté, de toute sa force. Marine se cogna violemment la nuque contre le bas du lit et fut sonnée un instant. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle vit que Kyra était penchée sur elle, l’air contrit. Mais au fond de ses yeux, Marine vit bien que quelque chose n’allait pas. La jeune femme avait réagi instinctivement, comme un rat pris au piège qui griffe et mord tout ce qui passe à sa portée. Ce qui paraissait étrange, c’était que ce n’était pas la lutte qui semblait avoir provoqué cette crise, mais bel et bien les chatouilles. Comment cela se pouvait-il ?
Lentement, Marine appuyée sur le bras de Kyra se releva. La jeune femme s’excusa piteusement, et essaya de lui caresser le visage, mais son amie repoussa sa main, doucement mais fermement. Elle en avait assez de jouer, il fallait qu’elle sache :
- J’en ai marre Kyra. Je crois que j’ai été suffisamment patiente avec toi, trop patiente peut-être. Que tu ne veuilles pas tout me dire, je comprends tout à fait. Tu as l’air d’avoir vécu l’enfer. Mais tu peux pas me demander de t’aider comme je le fais, de veiller sur toi chaque jour, et en même temps refuser de me faire confiance. Je ne le supporte plus. Tu m’as dit que tu m’aimais, mais tant que je saurai pas ce qui va pas chez toi, ça restera des paroles en l’air. Alors écoute bien ce que je vais te dire : je vais aller à la cuisine préparer le petit dèj et je vais te laisser réfléchir à ce que je viens de te dire. Tu viens me rejoindre quand tu veux, mais si tu le fais, tu as intérêt à tout me raconter. Parce que si tu ne le fais pas, je te jure Kyra, je te jure que je partirai sans me retourner. Je peux pas rester auprès d’une fille qui me dit qu’elle m’aime et qui en même temps n’est pas capable de m’ouvrir son cœur. A toi de voir.
Marine tourna les talons et sortit, laissant là une Kyra dévastée, au bord des larmes. Elle s’en voulait un peu de l’avoir brusquée ainsi, mais elle se disait qu’il n’y avait plus d’autre solution. Elle n’en pouvait plus de ne plus dormir la nuit qu’au rythme des cauchemars de sa compagne, de ses réactions bizarres comme sa peur panique des hôpitaux, ou encore de sa paranoïa dès qu’un véhicule suspect s’arrêtait devant chez elles. Kyra avait refusé d’en parler à qui que ce fut, même à un psy, malgré l’insistance de Marine. Elle semblait craindre que quelqu’un la retrouve et l’enlève, pour lui faire subir dieu savait quoi. Marine avait bien une petite idée : elle avait reconnu les symptômes de la torture, mais elle n’avait jamais réussi à faire dire à Kyra de quoi il en retournait exactement. A part hier soir : elle savait désormais qu’elle avait peur d’un groupe de femmes. Mais cela ne l’aidait pas beaucoup. Secouant la tête comme pour chasser ces pensées, elle entreprit de préparer le petit déjeuner, comme elle l’avait dit, espérant que Kyra prendrait la bonne décision. Elle n’avait pas vraiment envie de mettre sa menace à exécution, mais elle avait été sincère : elle ne pouvait pas continuer comme ça.
Ce ne fut pas très long : à peine quelques minutes plus tard, Kyra apparut à la porte. Elle s’avança dans la cuisine, d’un pas hésitant mais le regard résolu. Marine vit tout de suite qu’elle avait pleuré, et décida de ne pas attendre davantage :
- Alors ? lui demanda-t-elle en la fixant droit dans les yeux, essayant de ne pas avoir l’air trop tendue. Tu décides quoi ?
Le regard de Kyra avait changé. Elle semblait avoir réellement confiance, pour la première fois depuis leur rencontre. Marine sut que c’était gagné.
- C’est d’accord, Marine. Je veux pas te perdre. Mais tu dois me jurer que quoi que je te dise, non seulement tu ne le répèteras pas mais tu me croiras sur parole. Même si ce que je te raconte te paraît incroyable. Tu me le promets ?
Marine s’avança et prit son amie par les épaules d’un air rassurant.
- Ne t’en fais pas ma chérie. Quoi que tu aies vécu, j’ai vu à quel point ça t’a marquée. Tu n’as pas à t’en faire, tu sais que tu peux me faire confiance.
Kyra lui répondit par un sourire. Les deux jeunes femmes s’assirent de part et d’autre de la petite table de la cuisine et Kyra entama son récit :
- Ca a commencé l’été dernier. C’était l’après-midi de ma dernière journée de travail. J’étais partie en milieu de journée pour pouvoir être en vacances le plus vite possible.
Sa voix se brisa. Elle se racla la gorge, prit une profonde inspiration et reprit :
- Ils étaient déjà là. Un groupe d’hommes, au moins trois d’entre eux. Ils m’attendaient, je sais pas depuis combien de temps. Ils m’ont plaquée au sol au dès que je suis entrée dans ma chambre. Je n’ai même pas eu le temps de crier. J’étais par terre et je ne pouvais pas bouger. Avant que je réalise ce qu’il se passait, l’un d’entre eux m’enfonçait une aiguille dans le cou. J’ai dû perdre connaissance ensuite.
Elle fit une autre pause. Comme celle-ci se prolongeait, Marine l’encouragea :
- Et quand tu t’es réveillée ?..
- Quand je me suis réveillée… Quand je me suis réveillée, ça a été l’enfer.
Lorsque Kyra reprit connaissance, sa première sensation fut celle du matelas en dessous d’elle. La seconde, beaucoup plus inquiétante, était qu’elle ne pouvait pas bouger les bras, ce qui accéléra son réveil. Elle ouvrit les yeux, et ce qu’elle vit lui glaça le sang. Elle était enfermée dans une cellule capitonnée de petites dimensions, le corps enserré dans une camisole de force. De plus, hormis ses entraves, elle ne portait qu’une culotte et un t-shirt, qu’elle pouvait sentir sous son vêtement de contention. Paniquée, elle parvint tant bien que mal à se relever, et fit le tour de la pièce. Elle ne vit ni issue, ni fenêtre, et cela n’était pas pour la rassurer. La porte elle aussi était capitonnée, mais elle était pourvue de deux ouvertures : une, carrée en haut, pour pouvoir observer la salle depuis l’extérieur, et une autre plus large à mi-hauteur, sans doute pour passer de la nourriture. Elle était prisonnière, mais de qui ? Qu’est-ce que l’on pouvait vouloir à une jeune journaliste comme elle ?
Le panneau du judas s’ouvrit brusquement, et Kyra aperçut une paire d’yeux bleus féminins qui l’observait. Elle se jeta en avant, contre la porte, et apostropha aussitôt la femme :
- Attendez ! Qui êtes-vous ? Pourquoi vous me retenez ici ? Vous n’avez pas le droit de…
Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase : la porte s’ouvrit avec violence et elle fut projetée en arrière, sur le sol. Un peu sonnée, elle ne put se défendre contre les trois femmes en uniforme de gardienne de prison qui firent immédiatement irruption, se jetèrent sur elle et l’immobilisèrent. Deux d’entre elles lui attrapèrent les jambes, pendant que l’autre, assise derrière la jeune femme, enroula un de ses bras autour de son cou, à la limite de l’étranglement, et lui tenait la tête de l’autre main. Kyra pratiquait les arts martiaux depuis des années et était de surcroît une femme très athlétique, mais entravée comme elle l’était et à trois contre une, elle ne pouvait espérer résister.
Alors qu’elle était à la merci de ses agresseurs, elle vit une quatrième femme entrer dans la pièce, d’un pas lent et assuré. Elle était grande, et son charisme inspirait autant la soumission que le respect. Ses cheveux, longs mais coiffés en une longue natte étaient clairs, d’un châtain tirant sur le blond, et ses yeux bleus étaient glacials. Elle arborait l’expression mi-cruelle, mi-joueuse qu’ont les sadiques véritables lorsqu’ils sont en position de force. Dans une main, elle portait un bloc notes, tandis que de l’autre elle brandissait une lourde matraque. La prisonnière eut un frisson d’anticipation devant les menaçants reflets de l’éclairage au néon sur la noirceur de l’instrument. Un seul coup bien ajusté pouvait potentiellement lui briser un os. L’uniforme de la femme, plus élaboré que celui des autres, semblait la désigner comme la plus gradée. Elle jeta un œil sur ses notes, puis elle planta ses yeux dans ceux de la prisonnière et parla d’un ton clair et dépourvu de chaleur, avec une pointe d’accent étranger :
- Bonsoir, Kyra. Bienvenue chez nous. Tu es la prisonnière numéro 47b189, et tu as été choisie pour participer à un programme de recherche top secret. En tant que cobaye humain.
- Quoi ? interrompit Kyra, incrédule. Ce n’est pas…
Elle fut coupée à son tour par un violent bruit de choc qui la fit sursauter : la gardienne venait de frapper de sa matraque la partie extérieure, métallique, de la porte avec une force peu commune.
- Ne me coupe jamais la parole. Tu n’es rien ici, tu ne décides de rien. Tu nous appartiens, est-ce que c’est clair ?
Elle avait déclaré cela avec calme, sans manifester d’émotions, ce qui contrastait fort avec la violence de son geste, mais son ton était lourd de menace. Kyra baissa les yeux.
- Bien, je continue. Mon nom est Marion, et je suis en charge de la sécurité de cet endroit, ainsi que de la discipline des détenues. De ce fait, si tu fais la maligne, c’est à moi que auras affaire. Et crois-moi, nous disposons de tout un tas de méthodes susceptibles de te faire regretter d’être née.
Les trois gardiennes échangèrent des gloussements entendus, auxquels Marion répondit avec un sourire complaisant. Elle poursuivit :
- Et je suis certaine que ça arrivera. Tu n’as pas l’air du genre de fille qui baisse les bras facilement. Tu ne te rebelleras peut-être pas tout de suite mais je connais les filles comme toi : un jour ou l’autre elles pensent qu’elles sont les plus fortes et essayent de résister, voire de s’échapper. Et mon rôle est justement de leur faire comprendre clairement que ça ne sert à rien et que quoi qu’il arrive, c’est toujours nous qui gagnons. Mais je ne suis pas un monstre, et je peux même être très gentille si tu te montres coopérative. D’ailleurs, je vais te le prouver : relevez-là !
Comme un seul homme, les trois gardiennes obtempérèrent dans l’instant. Les deux qui tenaient les jambes de Kyra relâchèrent leur emprise et se reculèrent, matraque à la main. La troisième desserra son étreinte, et aida la jeune femme à se mettre debout, la laissant s’appuyer contre elle. La sourde menace émanant des quatre femmes était quelque peu pesante dans l’étroitesse de la pièce, mais Kyra sentait la panique l’abandonner au profit d’une nouvelle résolution : elle allait donner à ces garces ce qu’elles voulaient, pour le moment venu saisir la moindre opportunité de s’enfuir. La seule chose qui l’inquiétait, c’était la tranquille assurance de Marion. Cette femme semblait une grande professionnelle et il ne serait pas évident de la feinter. La plus adroite gagnerait ce jeu de dupes.
- Bien, maintenant retirez-lui sa camisole, ordonna la gardienne chef.
Pendant que ses subordonnées déliaient les sangles de cuir, elle poursuivit :
- Tu vois, nous n’avons pas vraiment besoin de t’attacher. Cette mesure sert davantage à humilier qu’à garantir notre sécurité. Si tu es sage, tu ne la porteras plus jamais. Si tu ne l’es pas… disons que ce ne sera que le début.
Une nouvelle fois, les gardiennes eurent un rire lourd de sous-entendus. Sitôt que les bras de Kyra furent libres, et par la même occasion sa nudité partielle exposée au regard gênant des gardiennes, ces dernières empoignèrent la prisonnière par les bras et la menèrent au-dehors, précédées par leur chef. La première chose qui frappa Kyra était l’odeur agressive de détergent, semblant confirmer qu’elle se trouvait dans une sorte de clinique. Les couloirs étaient larges, et d’une propreté irréprochable. D’ailleurs, les pieds nus de la jeune femme avaient tendance à glisser sur le lino parfaitement ciré, et elle manqua plusieurs fois de chuter. Le côté droit du corridor était bordé de portes à intervalles réguliers, tandis qu’à l’opposé on ne distinguait aucune fenêtre. Kyra en conclut qu’elle devait se trouver au sous-sol. Arrivées à l’extrémité du couloir, les femmes montèrent dans un ascenseur assez large pour facilement accueillir deux brancards, et Marion pressa le bouton numéro deux. L’affichage confirma à Kyra qu’elles s’étaient bien trouvées sous terre.
Aucun mot ne fut échangé pendant la montée. Parvenu à destination, le petit groupe tourna immédiatement à gauche et pénétra dans une salle carrelée qui ressemblait à une douche commune, comme on en trouve dans les vestiaires de clubs de gym. Le contact des pieds nus de Kyra avec le carrelage froid lui fit un choc désagréable, mais elle n’eut pas le temps de s’en émouvoir : déjà les deux filles l’entraînèrent vers un mur, où elle fut forcée de s’adosser. Marion fit un pas en avant, et expliqua :
- Bien. Avant d’aller voir le docteur, tu vas passer à la fouille. Déshabille-toi.
Comme Kyra semblait hésiter, la fille à sa droite frappa violemment le mur de sa matraque, à un doigt de sa tête, la faisant sursauter. Sachant que les coups pleuvraient si elle attendait davantage, la prisonnière s’exécuta. Lentement, elle porta les mains à son t-shirt et le retira, exposant ses seins ronds et fermes à la vue des quatre femmes qui ne perdaient pas une miette du spectacle. Elle baissa ensuite les yeux sur son bas-ventre, et à contrecœur fit descendre sa culotte le long de ses jambes, avant de la retirer totalement. La délicate beauté de son superbe corps d’ébène s’offrait maintenant sans restriction aux yeux de ses geôlières, et Kyra sentit monter en elle une sourde rage devant une telle humiliation.
Marion se porta ensuite à sa hauteur pour une fouille en règle. Kyra avait beau mesurer un bon mètre soixante-douze, l’autre femme la dépassait d’au moins une tête. Cela rendait la situation d’autant plus dégradante que rien ne lui fut épargné. La gardienne chef commença par lui palper la tête, vérifiant que ses cheveux, coiffés en dreadlocks plaquées sur son crâne, ne dissimulaient rien. Ensuite, au moyen d’une petite lampe médicale, elle vérifia ses oreilles et sa bouche, regardant même sous la langue et au fond de la gorge. Elle manipulait Kyra d’une main sûre et ferme, confirmant l’impression d’expérience qu’elle dégageait. Ensuite, tout en enfilant une paire de gants en latex, Marion ordonna à la jeune femme d’écarter les jambes. Surmontant sa répugnance, elle obtempéra, et ferma les yeux alors que les doigts fins de la femme venaient fouiller son intimité. Vicieuse, Marion laissa ceux-ci traîner plus longtemps que nécessaire, titillant le clitoris de la prisonnière afin de provoquer une excitation forcée. Kyra se mordit la lèvre inférieure et dut faire un effort considérable pour ne pas s’en prendre violemment à sa tortionnaire. Après un temps infini, celle-ci retira sa main et lui ordonna de se retourner et de se pencher en avant. Cette fois-ci Kyra eut une hésitation, et la fille à sa droite, toujours elle, brandit de nouveau sa matraque. La mort dans l’âme, la prisonnière fit une nouvelle fois ce qu’on lui demandait. Cette fois également, elle se retint à grand-peine de réagir pendant que Marion écartait ses fesses d’une main, et de l’autre inspectait son anus au toucher. Ce fut plus bref que pour le vagin, mais la sensation de ces doigts de femme en train de la violer restait présente alors même que c’était fini. Lorsqu’elle se retourna pour faire de nouveau face à ses bourreaux, l’air satisfait de la chef et les regards entendus que se jetaient ses subalternes donnèrent à Kyra l’envie de les gifler toutes les quatre de toute sa force. Mais même si son orgueil était atteint, elle savait que cela lui ferait moins mal qu’un tabassage en règle, aussi elle sut ravaler sa fierté et se montrer docile. Son regard toutefois en disait long sur ses pensées.
- Parfait, s’exclama Marion. Tu as été sage, c’est bien. Maintenant, tu vas nous accompagner. Tout s’est bien passé jusqu’à présent, donc on va essayer de continuer comme ça, d’accord ?
Puis, sans qu’on lui laisse le temps de répondre, Kyra fut entraînée hors de la salle de fouille, toujours sous bonne garde. La jeune femme se sentit affreusement humiliée d’être promenée ainsi dans les couloirs, et la sensation persistante des doigts de Marion fouillant son intimité lui donnait la nausée.
A cet étage, les couloirs n’étaient pas déserts : on croisait des infirmières en blouse blanche et claquettes règlementaires faisant des allers-retours entre les chambres ou portant des plateaux chargés de médicaments et d’instruments médicaux. Parfois, le groupe croisait d’autres gardiennes en uniforme qui saluaient respectueusement leur supérieure, avec une curieuse déférence qui n’avait rien de très professionnel. Ni les unes ni les autres ne semblaient trouver étrange la nudité de Kyra. Quelques-unes se retournaient quelquefois sur son passage, échangeant à voix basse des commentaires sur sa beauté, mais pour la plupart elles semblaient indifférentes. Apparemment, cela semblait être monnaie courante, ici. En chemin, à travers persiennes des fenêtres pourvues de barreaux, Kyra nota qu’il faisait nuit noire au-dehors. Au loin, l’éclairage public semblait indiquer que la clinique devait se situer en ville, même si la jeune femme était bien en peine de deviner laquelle. Elle n’eut pas plus de temps pour approfondir ses pensées, car les gardiennes l’empoignèrent sans ménagement pour la pousser sur le côté afin de laisser passer un étrange convoi. Deux infirmières poussaient un chariot sur lequel était solidement attachée une femme nue. Elle semblait d’âge mur, peut-être la quarantaine, très belle avec des cheveux couleur argent et un corps aussi ferme que celui de Kyra. Elle pleurait à chaudes larmes et, la poitrine secouée de sanglots, elle suppliait les infirmières qui la transportaient de « l’aider », de ne pas « les laisser la torturer à nouveau ». Ces dernières semblaient de ne rien entendre, et ignoraient totalement les gestes désespérés de leur prisonnière qui se débattait contre ses sangles avec l’énergie du désespoir. Avec un air amusé, Marion arrêta le chariot et s’adressa aux infirmières :
- Si elle continue comme ça tout le trajet, vous me l’envoyez, d’accord ?
La prisonnière se tut aussitôt, jetant un regard implorant à la gardienne chef. Celle-ci ajouta à son attention :
- Hein, Valérie, qu’est-ce que tu en penses ? Ca fait longtemps qu’on a pas eu un tête à tête toi et moi. Je suis certaine que tu as très envie de me faire ce plaisir. Si c’est le cas, continue comme ça.
La femme répliqua dans un sanglot :
- Pitié. Je ne peux plus le supporter. C’est de la torture…
- Certes, certes. Mais de toute manière on ne te demande pas ton avis. Donc si tu veux ajouter à la séance avec le docteur une autre séance très particulière avec moi, continue d’ennuyer ces pauvres filles qui font un travail difficile. Si tu penses que ça vaut pas la peine d’aggraver ton cas, tu fermes gentiment ta gueule, et tu subis en silence. Ce sera mieux pour tout le monde.
Elle avait parlé sur un ton conciliant mais ferme, presque maternel. Dès qu’elle lut la compréhension dans les yeux de Valérie, elle laissa repartir le convoi, tandis qu’elle ordonna à son propre groupe de reprendre la marche. Elles n’étaient plus très loin : quelques pas plus loin, les gardiennes poussèrent vigoureusement Kyra dans une pièce où l’attendaient trois femmes en tenue de médecin. La première était une brune aux yeux verts, la trentaine bien avancée, dont la petite taille contrastait avec la puissante aura d’autorité qui émanait d’elle. Même Marion semblait la considérer avec respect. La seconde était une froide beauté nordique, grande et mince qui avait un air impitoyable et austère. Kyra pensa immédiatement aux femmes SS de ses livres d’histoires. La troisième, insignifiante, ne semblait être là que pour assister les deux autres.
- Ravie de te rencontrer enfin, Kyra, salua la brune. Je m’appelle Aurélie, et je te présente Tanja et Marie. Nous sommes toutes les trois docteurs en médecine, avec une solide expérience derrière nous. Comme Marion a dû te le dire, tu es sur le point de participer à un programme de recherche secret. Tu as été sélectionnée pour ton excellente condition physique ainsi que la solidité de ton mental.
Kyra n’en croyait pas ses oreilles. Cette femme parlait comme si elle la connaissait intimement. Semblant deviner ses pensées, Aurélie expliqua :
- Nos employeurs sont très puissants, tu sais. Cela fait des semaines que nous t’observons : à ton domicile, à ton travail, chez ton psy… Ce dernier nous a d’ailleurs été très utile dans le cadre de ton évaluation psychologique. Nos sujets font l’objet d’une sélection rigoureuse et intransigeante. Nous ne pouvons pas nous permettre de fausser nos résultats avec des cobayes de seconde main.
La rage de Kyra explosa brutalement :
- Espèce de salopes ! C’est dégueulasse ce que vous faites, vous valez pas mieux que des nazis ! Qu’est-ce que vous croyez, que…
Un brutal coup de matraque au creux de ses reins l’interrompit net, et elle tomba à genoux avec un cri de douleur. Deux gardiennes lui empoignèrent les bras, tandis que Marion enserrait son cou dans l’étau de son bras. Le souffle court, Kyra cessa de se débattre. La gardienne chef lui murmura au creux de l’oreille :
- Quel dommage, tu t’en sortais tellement bien jusque-là.
Et Aurélie de commenter :
- Je suis déçue. Notre travail est autrement plus valorisant que le programme raciste et imbécile de ceux auxquels tu nous compares. Si tu savais tout tu regretterais d’avoir dit ça, mais je comprends que tu pèches par ignorance. Néanmoins, je ne vois plus pourquoi tu bénéficierais d’un traitement de faveur. En général, j’évite à mes patientes modèles la première séance dès le premier jour, mais je crois que ton impulsive arrogance a besoin d’être domptée.
Les gardiennes forcèrent Kyra à se relever et sur un geste d’Aurélie, l’entraînèrent malgré ses protestations dans un coin de la pièce, auprès d’une étrange construction de métal. Il s’agissait d’une sorte de « A » majuscule dépourvu de pointe supérieure, atteignant en hauteur les hanches de la prisonnière. L’engin était pourvu d’un panneau de commande permettant d’en régler le degré d’écartement sur trois axes, ainsi que de larges sangles de cuir capitonnées sur toute la longueur. Kyra fut forcée de se placer dessus à califourchon, les jambes écartées, l’intérieur de celles-ci contre les branches métalliques où elles furent entravées aussitôt, au niveau des chevilles, des genoux et des cuisses. Tanja se plaça ensuite derrière le panneau de contrôle et pressa plusieurs boutons. La machine émit alors un ronronnement et se souleva avant de s’écarter lentement. Kyra se retrouva portée à une trentaine de centimètres du sol, les jambes écartées à un peu plus de quarante-cinq degrés. La parfaite répartition de son poids sur son appui alliée à la largeur des sangles rendaient ce bondage original complètement indolore. Le haut de son corps était toujours libre à partir de la taille mais cela n’allait pas durer. Une paire de menottes en cuir pendait du plafond au bout de chaînes métalliques. Les gardiennes les attachèrent autour des poignets de Kyra et Tanja fit en sorte de remonter les chaînes de façon à ce que les bras de la prisonnière soient en tension maximum à la verticale au-dessus de sa tête. En plus de terminer de façon simple l’immobilisation de la jeune femme, mais cela l’obligeait en plus, par le jeu de l’anatomie, à se cambrer vers l’avant, projetant ses seins et son bassin. La position était idéale pour ce qui allait suivre. Pour terminer, Marion réduisit Kyra au silence en lui mettant un bâillon mords.
Aurélie et Tanja s’avancèrent ensuite auprès de leur prisonnière, pendant que Marie approchait un chariot d’accessoires couvert d’étranges ustensiles : des seringues et des flacons, mais également des plumes et d’autres instruments quelque peu incongrus. Aurélie attrapa une seringue et, avec des gestes professionnels elle l’emplit d’un produit de couleur claire. Ensuite, posément, elle désinfecta l’aine de sa patiente et lui injecta le sérum. Kyra commença à avoir des vertiges, et une sensation oppressante lui serra le ventre. La scientifique s’expliqua sur un ton docte, en préparant une seconde injection, un liquide opaque cette fois :
- La solution que je viens de t’administrer est un standard, inventé par les laboratoires du KGB et perfectionné par nos soins. Il instille la confusion dans l’esprit du patient ainsi qu’une désagréable impression d’insécurité. Cela a toujours été très utile dans le cadre des interrogatoires. En revanche, ce qui va suivre est entièrement de notre conception.
Nouvelle injection. Cette fois-ci Kyra sentit une chaleur torride irradier de son bas-ventre. Sa peau sembla s’électriser sous l’effet d’une sensibilité accrue, et la jeune femme fut prise d’une puissante envie d’onanisme. Elle contracta ses bras, faisant tinter les chaînes, et poussa un râle de frustration, agitant son bassin dans l’espoir de pouvoir frotter son sexe en feu à quelque chose. Ce spectacle impressionnant fit sourire Aurélie, qui se tourna vers Tanja et lui intima un ordre d’un bref mouvement de tête. La belle nordique vint alors se placer derrière la prisonnière, sur une marche pour être à la hauteur idéale, et vint doucement la chatouiller sous les bras. De petits mouvements brefs, frétillants mais redoutables. Kyra poussa un cri de surprise, puis se mit à rire à travers son bâillon, nerveusement. Elle se tortillait sur elle-même de droite et de gauche pour échapper à sa tortionnaire, mais les doigts fins et élégants de Tanja la poursuivaient avec une dextérité sans pareille, sans que le contact ne soit rompu une seule seconde. Dans le cours de ses mouvements désordonnés, Kyra renversa la tête en arrière et put croiser le regard de glace de son bourreau. Cette dernière affichait un sourire d’un sadisme tel que la jeune femme n’en avait jamais vu. Elle poussa un hurlement quand Tanja augmenta le rythme de ses chatouilles, et attaqua du même coup ses côtes. Puis elle se déchaîna sur l’ensemble du torse de sa victime, la chatouillant des aisselles jusqu’au hanches, sans oublier le cou et le dessus des seins. Les gestes d’évitement brusques de Kyra se firent aussi frénétiques que son rire, à ce moment-là. Elles étaient insupportables, ces sensations insidieuses qui la torturaient sans jamais lui faire mal. C’était comme un supplice dont la première seconde, ce moment où l’anticipation de la douleur à venir était pire que la douleur elle-même, se serait répété à l’infini.
Bien entendu, cela ne faisait que commencer. A travers le bruit assourdissant de ses rires hystériques, Kyra entendit Marie faire une remarque à sa supérieure. Celle-ci lui répondit d’un ton qui trahissait sa fascination pour ce qui était en train de se dérouler :
- Je n’ai pas besoin des chiffres pour savoir comment elle réagit : il suffit de la regarder. Je crois qu’elle est parfaitement réceptive à nos techniques de base. Voyons maintenant des méthodes plus raffinées.
Tanja arrêta de chatouiller Kyra et vint prendre sur le chariot une paire d’instruments que la jeune femme ne put identifier avant qu’elle ne revienne se placer derrière elle. En revanche, elle vit clairement ce qu’Aurélie avait pris en main : un vibromasseur de type « baguette magique », c'est-à-dire non destiné à la pénétration. Son désir la tenaillait toujours entre les cuisses et elle implora du regard la scientifique de s’en servir. Celle-ci lui retourna un « pas encore » espiègle juste avant que Kyra ne pousse un effroyable hurlement : Tanja avait recommencé à lui torturer le haut du corps, mais cette fois avec deux brosses vibrantes au toucher ferme. Elle dessinait des formes simples mais d’une imparable efficacité sur le corps nu de sa victime qui manqua plusieurs fois de s’étrangler lorsque sa tortionnaire insistait sur un point particulièrement sensible, tel que le creux des aisselles ou le haut des seins. Par contre, la belle nordique évitait soigneusement de venir lui flatter les tétons car l’effet aurait été contraire à celui recherché. Des larmes commencèrent à couler le long des joues de Kyra alors que les exaspérantes sensations saturaient son cerveau déjà amoindri par les drogues et l’excitation sexuelle.
Aurélie s’approcha et alluma calmement son ustensile, tandis que le supplice se poursuivait sans temps mort. Puis, avec une lenteur exagérée, elle vint placer le vibromasseur en contact direct avec le clitoris de la prisonnière. Dès qu’elle constata que le premier frisson de plaisir remontait le long de son corps, elle retira aussitôt l’instrument à peine à un centimètre du sexe de Kyra, qui réagit par un sonore cri de dépit. Aurélie laissa passer une seconde puis appliqua derechef le vibromasseur sur les parties intimes de sa victime, un peu plus longtemps cette fois-ci, avant de le retirer de nouveau. Elle joua ainsi un moment avec la prisonnière, l’obligeant à endurer de longues minutes de chatouilles pour quelques secondes de plaisir, faisant grimper les enchères de son désir au maximum. Kyra forçait comme une folle sur les entraves de ses jambes dans l’espoir de rapprocher son sexe de l’objet qui lui procurait ces quelques instants fugaces pendant lesquels elle échappait à la torture. Elle ne réfléchissait plus, son corps réagissait automatiquement, de façon presque animale. Il fallait qu’elle jouisse, elle n’y tenait plus.
Une fois de plus, Aurélie appuya encore son instrument sur le sexe moite de la jeune femme, mais celle-ci constata, à mesure que le plaisir l’envahissait, que la femme semblait décidée à la laisser jouir. Les douces brûlures de l’excitation vinrent caresser chacune des fibres de son corps meurtri par les sensations contradictoires, irradiant de sa vulve pour se propager partout, comme la vague prend d’assaut la digue en pleine tempête. Elle aida la montée de l’orgasme avec de petits mouvements de balancement des hanches, qu’elle parvenait à effectuer malgré ses entraves. Elle ne sentait même plus les chatouilles, tendue toute entière vers son unique objectif : la jouissance. Et alors que celle-ci allait la foudroyer, Aurélie coupa net le vibromasseur et l’éloigna immédiatement. Kyra poussa un terrible rugissement de dépit qui se mua aussitôt en un concert de rires alors que les indicibles sensations cutanées reprenaient le dessus, la dévorant de façon plus insoutenable encore que précédemment.
Au fin fonds de son esprit désintégré par la torture, Kyra comprit sa situation dans toute son ampleur. Marion était sérieuse lorsqu’elle disait que la jeune femme leur appartenait. Elle était dépossédée de son corps : la moindre de ses sensations dépendait maintenant du bon vouloir de quelques femmes prêtes à tout pour accomplir leurs obscurs desseins. Alors que la torture conjuguée de son sexe et de son torse recommençait avec encore plus d’intensité, Kyra se demanda avec horreur combien de temps cela pouvait durer avant que son corps l’abandonne. Elle préférait mourir plutôt que cela continue. Elle le souhaita de toutes ses forces.
Fin de la première partie
Bref, une fois passées ces considérations un peu terre-à-terre, voici quelques détails supplémentaires sur cette histoire. Elle sera elle aussi la première d'une série, même si j'hésite encore à la diviser en deux ou trois parties. Elle ne contient pas (pour le moment 😉) de scènes susceptibles d'offusquer le fétichiste moyen, contrairement à mes précédentes nouvelles, mais elle a tout de même le caractère âpre que je confère généralement à celles-ci. Vous êtes prévenu, monsieur le censeur
![Biglaugh :blaugh: :blaugh:](https://www.ticklingforum.com/nonvb/smilies/Biglaugh.gif)
En espérant que ce qui suit vous plaira. Enjoy !
Rescapée
Ne tenant aucun compte du regard suppliant de Kyra, les gardiennes la traînèrent sans ménagement jusqu’à la table d’examen. Elle y fut couchée de force, nue, et attachée avec des sangles, les bras tendus à quatre-vingt dix degrés de part et d’autre de son corps, les jambes largement écartées. Ensuite, elles se reculèrent prestement et laissèrent les médecins faire leur travail. Celles-ci, s’avançant auprès de la jeune femme immobilisée, approchèrent les chariots sur lesquels reposaient leurs instruments. Par anticipation, alors qu’elle n’avait même pas été touchée, la prisonnière se mit à pleurer. Des larmes d’impuissance. Elle se débattait contre ses liens, essayait d’arracher son bâillon mords, ne pouvant se résoudre à être torturée une fois de plus. Mais c’était toujours le même rituel, lors des séances : d’abord l’attente, interminable, qui était déjà un supplice en soi. Ensuite, les gardiennes venaient la chercher dans sa chambre et l’emmenaient ligotée sur un brancard jusqu’à la salle de recherche. A la suite de quoi, elle était de nouveau entravée, sur la table de torture cette fois-ci. Et là, c’était le personnel médical qui prenait le relais : les expériences pouvaient commencer.
Déjà Aurélie, la médecin-chef qui dirigeait toutes les sessions, préparait son injection habituelle : un liquide clair comme de l’eau dont Kyra ignorait le nom. La femme lui enfonça l’aiguille dans le bras avec sa dextérité coutumière et lui injecta le premier produit. Désespérée, Kyra en ressentait déjà les effets alors que le sérum se diffusait dans son organisme : la tête lui tournait et elle se sentait confuse, oppressée. Aurélie vérifia consciencieusement la dilatation de ses pupilles à l’aide d’une petite lampe idoine, puis lorsqu’elle eut confirmation que la drogue agissait bel et bien, elle prépara l’injection suivante. Cette fois, il s’agissait du liquide opaque, dont la jeune femme n’ignorait aucune des terrifiantes propriétés. Une fois la piqûre terminée, Kyra percevait les premiers signes de la stimulation sexuelle forcée : les pointes de seins qui se dressent, la chaleur moite irradiant son bas-ventre, et surtout la sensibilité accrue de son épiderme. Là encore, Aurélie se donna quelques instants pour vérifier que le produit agissait. Puis lorsqu’elle en eut la certitude elle se tourna vers ses collègues en leur lançant, sur le ton de celle qui adore son travail :
- Elle est prête. Mesdames, à vous de jouer !
Les trois femmes en blouse blanche s’approchèrent de Kyra, qui était au comble de la panique. La première d’entre elles, une blonde à la beauté glaciale prénommée Tanja vint lui chatouiller les aisselles, en de petits gestes experts qui trahissaient la formation de pointe qu’elle avait reçue. Kyra se tendit de tout son corps et éclata immédiatement de rire dans son bâillon. La blonde joua avec elle, la titillant sans la chatouiller franchement, afin de pouvoir augmenter l’intensité des sensations par la suite. Elle s’autorisa toutefois à descendre par à-coups sur les côtes de sa victime, qu’elle torturait du bout des ongles, arrachant à la pauvre fille des plaintes aiguës. De son côté, Kyra luttait avec frénésie contre les sangles, dans le vain espoir de pouvoir abaisser les bras, protégeant ainsi son torse nu et vulnérable. Evidemment, c’était inutile, et elle ne réussit qu’à se fatiguer, émoussant sa résistance déjà affaiblie par les drogues.
Quelques minutes seulement après le début de l’expérience, le supplice gagna encore en puissance lorsque les deux autres médecins, restées jusque-là inactives, contemplant les violentes contorsions de leur prisonnière, entrèrent en action. Se munissant de pinceaux de calligraphie ramassés sur le chariot d’accessoires, elles empoignèrent les orteils de Kyra, les forcèrent à l’extension, et se mirent à lui chatouiller les pieds, chacune le sien. Du talon jusqu’à la base des orteils, avec des mouvements parfaitement maîtrisés, elles mirent à profit avec une délectation visible la précision de leurs instruments afin d’envoyer leur victime en enfer, pendant que leur consoeur continuait de la chatouiller sous les bras. La jeune femme, qui ne supportait déjà pas les premiers effleurements devint folle sous l’effet de toutes ces exaspérations conjuguées. Son champ de vision se rétrécit brutalement, tous ses sens autres que le toucher étant comme annihilés par la force des sensations si dévastatrices qu’elles étaient comme un torrent emportant tout sur son passage. Elle flottait ailleurs, naufragée perdue au milieu d’un océan de torture, se raccrochant à sa santé mentale comme à un morceau d’épave pour ne pas sombrer totalement. Sa poitrine nue se soulevait irrégulièrement, au rythme de ses rires hystériques et occasionnellement de ses hurlements déments dès lors qu’un point particulièrement sensible était exploré. Déjà, les femmes qui lui torturaient les pieds avaient attaqué l’un de ses points faibles : le milieu de sa plante. Les hurlements se firent alors discontinus, insupportables malgré le bâillon pour un spectateur non averti, mais encourageants pour les professionnelles présentes. Mais le pire était encore à venir.
Sur un geste d’Aurélie, le supplice cessa. Le souffle court, haletante, Kyra la vit à travers un brouillard de larmes faire le tour de la table de torture. Avec un sourire cruel, elle prit un vibromasseur sur le chariot. Le brandissant délicatement du bout des doigts, elle jeta à la jeune femme sur un ton de fausse innocence :
- Si nous entrions maintenant dans le vif du sujet ?
+ + +
Kyra s’éveilla en hurlant, couverte de sueur. Cela faisait presque six mois qu’elle s’était échappée, mais elle ne cessait de revire les pires moments de sa captivité en rêve, comme s’il avait subsisté une partie d’elle-même qui serait encore entre les mains de ses tortionnaires. Emportée par la violence de son cauchemar, elle s’était redressée d’un bond, s’asseyant malgré elle sur le matelas. Confuse, elle prit son visage entre ses mains et respira profondément, essayant de ravaler ses larmes. Alors même qu’elle allait éclater en sanglots, elle sentit la caresse d’un bras féminin qui entourait ses épaules avec douceur. Celui de sa compagne, Marine, qui vivait avec elle depuis plusieurs semaines. Leur rencontre avait permis à la jeune femme de remonter progressivement la pente. Même si elle vivait terrorisée à l’idée d’être reprise, Marine lui avait appris, pas à pas, à avoir de nouveau confiance. D’abord en elle-même, puis ensuite aux autres. C’avait été un long apprentissage, mais la charmante jeune femme avait réussi à venir à bout de chaque obstacle jusqu’à présent. Evidemment, Kyra ne lui avait pas raconté son histoire, de peur qu’elle ne la croie pas, mais sa compagne savait que cela viendrait en son temps. Sur un ton maternel, elle lui souffla :
- Là, ma chérie, là… Je suis avec toi. C’est fini, tu n’es plus toute seule.
Elle déposa sur sa joue un petit baiser de réconfort, puis continua :
- Tu es forte, maintenant. On est fortes toutes les deux. Ils ne peuvent plus rien te faire.
- Elles… sanglota Kyra.
- Quoi ?
- Elles… C’étaient toutes des femmes.
Marine se mordit la lèvre. Allait-elle enfin savoir ?
- Continue.
Kyra la fixa dans les yeux, malgré la pénombre qui régnait dans la chambre. Elle écarta tendrement une mèche des cheveux roux de sa petite amie et lui sourit. Un sourire gêné.
- Non, oublie, j’ai pas vraiment envie d’en parler. Excuse-moi, je me sens pas prête. Pas encore.
Cachant sa déception, Marine posa ses lèvres sur celles de sa belle pour un tendre baiser. Sa langue vint amoureusement caresser celle de Kyra qui se détendit aussitôt, oubliant son cauchemar le temps d’un instant de plénitude. Tout en l’embrassant, la jeune femme glissa ses mains sous le t-shirt de sa compagne, et d’une légère pression, elle l’invita à se rallonger.
- Dors mon amour, il n’y a plus de raison que tu fasses d’autres mauvais rêves.
+ + +
Le matin suivant, Marine se réveilla avant Kyra. Elle se leva sans un bruit et alla faire sa toilette, puis s’habilla. Pendant qu’elle enfilait ses vêtements, elle vit que sa compagne émergeait à son tour. Alors que celle-ci battait des paupières et se redressait doucement, Marine la salua de la main, comme une gamine, et lui lança un « bonjour » enjoué. Elle ajouta qu’elle allait préparer le petit déjeuner, et devant le peu de réaction de la jeune femme, elle attrapa un oreiller et le lui lança en plein visage. Kyra encaissa l’impact sans broncher, restant un instant interdite, puis elle empoigna le polochon à deux mains et bondit du lit pour attaquer son amie en riant. Elle lui distribua une série de coups qui l’obligèrent à se recroqueviller sur elle-même, les bras protégeant sa tête. Puis, au moment opportun, elle agrippa les poignets de Kyra, et lui fit une prise adroite qui la fit chuter au sol. Elle se coucha ensuite sur elle de tout son poids pour l’empêcher de se relever, la tenant toujours par les bras, et essaya de l’embrasser, mais Kyra agitait la tête de droite et de gauche pour l’en empêcher. En désespoir de cause, Marine lui lâcha un bras et la chatouilla par surprise sur le flanc. La réaction de Kyra fut pour le moins inattendue : elle poussa un glapissement de terreur et projeta sa petite amie sans ménagement sur le côté, de toute sa force. Marine se cogna violemment la nuque contre le bas du lit et fut sonnée un instant. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle vit que Kyra était penchée sur elle, l’air contrit. Mais au fond de ses yeux, Marine vit bien que quelque chose n’allait pas. La jeune femme avait réagi instinctivement, comme un rat pris au piège qui griffe et mord tout ce qui passe à sa portée. Ce qui paraissait étrange, c’était que ce n’était pas la lutte qui semblait avoir provoqué cette crise, mais bel et bien les chatouilles. Comment cela se pouvait-il ?
Lentement, Marine appuyée sur le bras de Kyra se releva. La jeune femme s’excusa piteusement, et essaya de lui caresser le visage, mais son amie repoussa sa main, doucement mais fermement. Elle en avait assez de jouer, il fallait qu’elle sache :
- J’en ai marre Kyra. Je crois que j’ai été suffisamment patiente avec toi, trop patiente peut-être. Que tu ne veuilles pas tout me dire, je comprends tout à fait. Tu as l’air d’avoir vécu l’enfer. Mais tu peux pas me demander de t’aider comme je le fais, de veiller sur toi chaque jour, et en même temps refuser de me faire confiance. Je ne le supporte plus. Tu m’as dit que tu m’aimais, mais tant que je saurai pas ce qui va pas chez toi, ça restera des paroles en l’air. Alors écoute bien ce que je vais te dire : je vais aller à la cuisine préparer le petit dèj et je vais te laisser réfléchir à ce que je viens de te dire. Tu viens me rejoindre quand tu veux, mais si tu le fais, tu as intérêt à tout me raconter. Parce que si tu ne le fais pas, je te jure Kyra, je te jure que je partirai sans me retourner. Je peux pas rester auprès d’une fille qui me dit qu’elle m’aime et qui en même temps n’est pas capable de m’ouvrir son cœur. A toi de voir.
Marine tourna les talons et sortit, laissant là une Kyra dévastée, au bord des larmes. Elle s’en voulait un peu de l’avoir brusquée ainsi, mais elle se disait qu’il n’y avait plus d’autre solution. Elle n’en pouvait plus de ne plus dormir la nuit qu’au rythme des cauchemars de sa compagne, de ses réactions bizarres comme sa peur panique des hôpitaux, ou encore de sa paranoïa dès qu’un véhicule suspect s’arrêtait devant chez elles. Kyra avait refusé d’en parler à qui que ce fut, même à un psy, malgré l’insistance de Marine. Elle semblait craindre que quelqu’un la retrouve et l’enlève, pour lui faire subir dieu savait quoi. Marine avait bien une petite idée : elle avait reconnu les symptômes de la torture, mais elle n’avait jamais réussi à faire dire à Kyra de quoi il en retournait exactement. A part hier soir : elle savait désormais qu’elle avait peur d’un groupe de femmes. Mais cela ne l’aidait pas beaucoup. Secouant la tête comme pour chasser ces pensées, elle entreprit de préparer le petit déjeuner, comme elle l’avait dit, espérant que Kyra prendrait la bonne décision. Elle n’avait pas vraiment envie de mettre sa menace à exécution, mais elle avait été sincère : elle ne pouvait pas continuer comme ça.
Ce ne fut pas très long : à peine quelques minutes plus tard, Kyra apparut à la porte. Elle s’avança dans la cuisine, d’un pas hésitant mais le regard résolu. Marine vit tout de suite qu’elle avait pleuré, et décida de ne pas attendre davantage :
- Alors ? lui demanda-t-elle en la fixant droit dans les yeux, essayant de ne pas avoir l’air trop tendue. Tu décides quoi ?
Le regard de Kyra avait changé. Elle semblait avoir réellement confiance, pour la première fois depuis leur rencontre. Marine sut que c’était gagné.
- C’est d’accord, Marine. Je veux pas te perdre. Mais tu dois me jurer que quoi que je te dise, non seulement tu ne le répèteras pas mais tu me croiras sur parole. Même si ce que je te raconte te paraît incroyable. Tu me le promets ?
Marine s’avança et prit son amie par les épaules d’un air rassurant.
- Ne t’en fais pas ma chérie. Quoi que tu aies vécu, j’ai vu à quel point ça t’a marquée. Tu n’as pas à t’en faire, tu sais que tu peux me faire confiance.
Kyra lui répondit par un sourire. Les deux jeunes femmes s’assirent de part et d’autre de la petite table de la cuisine et Kyra entama son récit :
- Ca a commencé l’été dernier. C’était l’après-midi de ma dernière journée de travail. J’étais partie en milieu de journée pour pouvoir être en vacances le plus vite possible.
Sa voix se brisa. Elle se racla la gorge, prit une profonde inspiration et reprit :
- Ils étaient déjà là. Un groupe d’hommes, au moins trois d’entre eux. Ils m’attendaient, je sais pas depuis combien de temps. Ils m’ont plaquée au sol au dès que je suis entrée dans ma chambre. Je n’ai même pas eu le temps de crier. J’étais par terre et je ne pouvais pas bouger. Avant que je réalise ce qu’il se passait, l’un d’entre eux m’enfonçait une aiguille dans le cou. J’ai dû perdre connaissance ensuite.
Elle fit une autre pause. Comme celle-ci se prolongeait, Marine l’encouragea :
- Et quand tu t’es réveillée ?..
- Quand je me suis réveillée… Quand je me suis réveillée, ça a été l’enfer.
+ + +
Lorsque Kyra reprit connaissance, sa première sensation fut celle du matelas en dessous d’elle. La seconde, beaucoup plus inquiétante, était qu’elle ne pouvait pas bouger les bras, ce qui accéléra son réveil. Elle ouvrit les yeux, et ce qu’elle vit lui glaça le sang. Elle était enfermée dans une cellule capitonnée de petites dimensions, le corps enserré dans une camisole de force. De plus, hormis ses entraves, elle ne portait qu’une culotte et un t-shirt, qu’elle pouvait sentir sous son vêtement de contention. Paniquée, elle parvint tant bien que mal à se relever, et fit le tour de la pièce. Elle ne vit ni issue, ni fenêtre, et cela n’était pas pour la rassurer. La porte elle aussi était capitonnée, mais elle était pourvue de deux ouvertures : une, carrée en haut, pour pouvoir observer la salle depuis l’extérieur, et une autre plus large à mi-hauteur, sans doute pour passer de la nourriture. Elle était prisonnière, mais de qui ? Qu’est-ce que l’on pouvait vouloir à une jeune journaliste comme elle ?
Le panneau du judas s’ouvrit brusquement, et Kyra aperçut une paire d’yeux bleus féminins qui l’observait. Elle se jeta en avant, contre la porte, et apostropha aussitôt la femme :
- Attendez ! Qui êtes-vous ? Pourquoi vous me retenez ici ? Vous n’avez pas le droit de…
Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase : la porte s’ouvrit avec violence et elle fut projetée en arrière, sur le sol. Un peu sonnée, elle ne put se défendre contre les trois femmes en uniforme de gardienne de prison qui firent immédiatement irruption, se jetèrent sur elle et l’immobilisèrent. Deux d’entre elles lui attrapèrent les jambes, pendant que l’autre, assise derrière la jeune femme, enroula un de ses bras autour de son cou, à la limite de l’étranglement, et lui tenait la tête de l’autre main. Kyra pratiquait les arts martiaux depuis des années et était de surcroît une femme très athlétique, mais entravée comme elle l’était et à trois contre une, elle ne pouvait espérer résister.
Alors qu’elle était à la merci de ses agresseurs, elle vit une quatrième femme entrer dans la pièce, d’un pas lent et assuré. Elle était grande, et son charisme inspirait autant la soumission que le respect. Ses cheveux, longs mais coiffés en une longue natte étaient clairs, d’un châtain tirant sur le blond, et ses yeux bleus étaient glacials. Elle arborait l’expression mi-cruelle, mi-joueuse qu’ont les sadiques véritables lorsqu’ils sont en position de force. Dans une main, elle portait un bloc notes, tandis que de l’autre elle brandissait une lourde matraque. La prisonnière eut un frisson d’anticipation devant les menaçants reflets de l’éclairage au néon sur la noirceur de l’instrument. Un seul coup bien ajusté pouvait potentiellement lui briser un os. L’uniforme de la femme, plus élaboré que celui des autres, semblait la désigner comme la plus gradée. Elle jeta un œil sur ses notes, puis elle planta ses yeux dans ceux de la prisonnière et parla d’un ton clair et dépourvu de chaleur, avec une pointe d’accent étranger :
- Bonsoir, Kyra. Bienvenue chez nous. Tu es la prisonnière numéro 47b189, et tu as été choisie pour participer à un programme de recherche top secret. En tant que cobaye humain.
- Quoi ? interrompit Kyra, incrédule. Ce n’est pas…
Elle fut coupée à son tour par un violent bruit de choc qui la fit sursauter : la gardienne venait de frapper de sa matraque la partie extérieure, métallique, de la porte avec une force peu commune.
- Ne me coupe jamais la parole. Tu n’es rien ici, tu ne décides de rien. Tu nous appartiens, est-ce que c’est clair ?
Elle avait déclaré cela avec calme, sans manifester d’émotions, ce qui contrastait fort avec la violence de son geste, mais son ton était lourd de menace. Kyra baissa les yeux.
- Bien, je continue. Mon nom est Marion, et je suis en charge de la sécurité de cet endroit, ainsi que de la discipline des détenues. De ce fait, si tu fais la maligne, c’est à moi que auras affaire. Et crois-moi, nous disposons de tout un tas de méthodes susceptibles de te faire regretter d’être née.
Les trois gardiennes échangèrent des gloussements entendus, auxquels Marion répondit avec un sourire complaisant. Elle poursuivit :
- Et je suis certaine que ça arrivera. Tu n’as pas l’air du genre de fille qui baisse les bras facilement. Tu ne te rebelleras peut-être pas tout de suite mais je connais les filles comme toi : un jour ou l’autre elles pensent qu’elles sont les plus fortes et essayent de résister, voire de s’échapper. Et mon rôle est justement de leur faire comprendre clairement que ça ne sert à rien et que quoi qu’il arrive, c’est toujours nous qui gagnons. Mais je ne suis pas un monstre, et je peux même être très gentille si tu te montres coopérative. D’ailleurs, je vais te le prouver : relevez-là !
Comme un seul homme, les trois gardiennes obtempérèrent dans l’instant. Les deux qui tenaient les jambes de Kyra relâchèrent leur emprise et se reculèrent, matraque à la main. La troisième desserra son étreinte, et aida la jeune femme à se mettre debout, la laissant s’appuyer contre elle. La sourde menace émanant des quatre femmes était quelque peu pesante dans l’étroitesse de la pièce, mais Kyra sentait la panique l’abandonner au profit d’une nouvelle résolution : elle allait donner à ces garces ce qu’elles voulaient, pour le moment venu saisir la moindre opportunité de s’enfuir. La seule chose qui l’inquiétait, c’était la tranquille assurance de Marion. Cette femme semblait une grande professionnelle et il ne serait pas évident de la feinter. La plus adroite gagnerait ce jeu de dupes.
- Bien, maintenant retirez-lui sa camisole, ordonna la gardienne chef.
Pendant que ses subordonnées déliaient les sangles de cuir, elle poursuivit :
- Tu vois, nous n’avons pas vraiment besoin de t’attacher. Cette mesure sert davantage à humilier qu’à garantir notre sécurité. Si tu es sage, tu ne la porteras plus jamais. Si tu ne l’es pas… disons que ce ne sera que le début.
Une nouvelle fois, les gardiennes eurent un rire lourd de sous-entendus. Sitôt que les bras de Kyra furent libres, et par la même occasion sa nudité partielle exposée au regard gênant des gardiennes, ces dernières empoignèrent la prisonnière par les bras et la menèrent au-dehors, précédées par leur chef. La première chose qui frappa Kyra était l’odeur agressive de détergent, semblant confirmer qu’elle se trouvait dans une sorte de clinique. Les couloirs étaient larges, et d’une propreté irréprochable. D’ailleurs, les pieds nus de la jeune femme avaient tendance à glisser sur le lino parfaitement ciré, et elle manqua plusieurs fois de chuter. Le côté droit du corridor était bordé de portes à intervalles réguliers, tandis qu’à l’opposé on ne distinguait aucune fenêtre. Kyra en conclut qu’elle devait se trouver au sous-sol. Arrivées à l’extrémité du couloir, les femmes montèrent dans un ascenseur assez large pour facilement accueillir deux brancards, et Marion pressa le bouton numéro deux. L’affichage confirma à Kyra qu’elles s’étaient bien trouvées sous terre.
Aucun mot ne fut échangé pendant la montée. Parvenu à destination, le petit groupe tourna immédiatement à gauche et pénétra dans une salle carrelée qui ressemblait à une douche commune, comme on en trouve dans les vestiaires de clubs de gym. Le contact des pieds nus de Kyra avec le carrelage froid lui fit un choc désagréable, mais elle n’eut pas le temps de s’en émouvoir : déjà les deux filles l’entraînèrent vers un mur, où elle fut forcée de s’adosser. Marion fit un pas en avant, et expliqua :
- Bien. Avant d’aller voir le docteur, tu vas passer à la fouille. Déshabille-toi.
Comme Kyra semblait hésiter, la fille à sa droite frappa violemment le mur de sa matraque, à un doigt de sa tête, la faisant sursauter. Sachant que les coups pleuvraient si elle attendait davantage, la prisonnière s’exécuta. Lentement, elle porta les mains à son t-shirt et le retira, exposant ses seins ronds et fermes à la vue des quatre femmes qui ne perdaient pas une miette du spectacle. Elle baissa ensuite les yeux sur son bas-ventre, et à contrecœur fit descendre sa culotte le long de ses jambes, avant de la retirer totalement. La délicate beauté de son superbe corps d’ébène s’offrait maintenant sans restriction aux yeux de ses geôlières, et Kyra sentit monter en elle une sourde rage devant une telle humiliation.
Marion se porta ensuite à sa hauteur pour une fouille en règle. Kyra avait beau mesurer un bon mètre soixante-douze, l’autre femme la dépassait d’au moins une tête. Cela rendait la situation d’autant plus dégradante que rien ne lui fut épargné. La gardienne chef commença par lui palper la tête, vérifiant que ses cheveux, coiffés en dreadlocks plaquées sur son crâne, ne dissimulaient rien. Ensuite, au moyen d’une petite lampe médicale, elle vérifia ses oreilles et sa bouche, regardant même sous la langue et au fond de la gorge. Elle manipulait Kyra d’une main sûre et ferme, confirmant l’impression d’expérience qu’elle dégageait. Ensuite, tout en enfilant une paire de gants en latex, Marion ordonna à la jeune femme d’écarter les jambes. Surmontant sa répugnance, elle obtempéra, et ferma les yeux alors que les doigts fins de la femme venaient fouiller son intimité. Vicieuse, Marion laissa ceux-ci traîner plus longtemps que nécessaire, titillant le clitoris de la prisonnière afin de provoquer une excitation forcée. Kyra se mordit la lèvre inférieure et dut faire un effort considérable pour ne pas s’en prendre violemment à sa tortionnaire. Après un temps infini, celle-ci retira sa main et lui ordonna de se retourner et de se pencher en avant. Cette fois-ci Kyra eut une hésitation, et la fille à sa droite, toujours elle, brandit de nouveau sa matraque. La mort dans l’âme, la prisonnière fit une nouvelle fois ce qu’on lui demandait. Cette fois également, elle se retint à grand-peine de réagir pendant que Marion écartait ses fesses d’une main, et de l’autre inspectait son anus au toucher. Ce fut plus bref que pour le vagin, mais la sensation de ces doigts de femme en train de la violer restait présente alors même que c’était fini. Lorsqu’elle se retourna pour faire de nouveau face à ses bourreaux, l’air satisfait de la chef et les regards entendus que se jetaient ses subalternes donnèrent à Kyra l’envie de les gifler toutes les quatre de toute sa force. Mais même si son orgueil était atteint, elle savait que cela lui ferait moins mal qu’un tabassage en règle, aussi elle sut ravaler sa fierté et se montrer docile. Son regard toutefois en disait long sur ses pensées.
- Parfait, s’exclama Marion. Tu as été sage, c’est bien. Maintenant, tu vas nous accompagner. Tout s’est bien passé jusqu’à présent, donc on va essayer de continuer comme ça, d’accord ?
Puis, sans qu’on lui laisse le temps de répondre, Kyra fut entraînée hors de la salle de fouille, toujours sous bonne garde. La jeune femme se sentit affreusement humiliée d’être promenée ainsi dans les couloirs, et la sensation persistante des doigts de Marion fouillant son intimité lui donnait la nausée.
A cet étage, les couloirs n’étaient pas déserts : on croisait des infirmières en blouse blanche et claquettes règlementaires faisant des allers-retours entre les chambres ou portant des plateaux chargés de médicaments et d’instruments médicaux. Parfois, le groupe croisait d’autres gardiennes en uniforme qui saluaient respectueusement leur supérieure, avec une curieuse déférence qui n’avait rien de très professionnel. Ni les unes ni les autres ne semblaient trouver étrange la nudité de Kyra. Quelques-unes se retournaient quelquefois sur son passage, échangeant à voix basse des commentaires sur sa beauté, mais pour la plupart elles semblaient indifférentes. Apparemment, cela semblait être monnaie courante, ici. En chemin, à travers persiennes des fenêtres pourvues de barreaux, Kyra nota qu’il faisait nuit noire au-dehors. Au loin, l’éclairage public semblait indiquer que la clinique devait se situer en ville, même si la jeune femme était bien en peine de deviner laquelle. Elle n’eut pas plus de temps pour approfondir ses pensées, car les gardiennes l’empoignèrent sans ménagement pour la pousser sur le côté afin de laisser passer un étrange convoi. Deux infirmières poussaient un chariot sur lequel était solidement attachée une femme nue. Elle semblait d’âge mur, peut-être la quarantaine, très belle avec des cheveux couleur argent et un corps aussi ferme que celui de Kyra. Elle pleurait à chaudes larmes et, la poitrine secouée de sanglots, elle suppliait les infirmières qui la transportaient de « l’aider », de ne pas « les laisser la torturer à nouveau ». Ces dernières semblaient de ne rien entendre, et ignoraient totalement les gestes désespérés de leur prisonnière qui se débattait contre ses sangles avec l’énergie du désespoir. Avec un air amusé, Marion arrêta le chariot et s’adressa aux infirmières :
- Si elle continue comme ça tout le trajet, vous me l’envoyez, d’accord ?
La prisonnière se tut aussitôt, jetant un regard implorant à la gardienne chef. Celle-ci ajouta à son attention :
- Hein, Valérie, qu’est-ce que tu en penses ? Ca fait longtemps qu’on a pas eu un tête à tête toi et moi. Je suis certaine que tu as très envie de me faire ce plaisir. Si c’est le cas, continue comme ça.
La femme répliqua dans un sanglot :
- Pitié. Je ne peux plus le supporter. C’est de la torture…
- Certes, certes. Mais de toute manière on ne te demande pas ton avis. Donc si tu veux ajouter à la séance avec le docteur une autre séance très particulière avec moi, continue d’ennuyer ces pauvres filles qui font un travail difficile. Si tu penses que ça vaut pas la peine d’aggraver ton cas, tu fermes gentiment ta gueule, et tu subis en silence. Ce sera mieux pour tout le monde.
Elle avait parlé sur un ton conciliant mais ferme, presque maternel. Dès qu’elle lut la compréhension dans les yeux de Valérie, elle laissa repartir le convoi, tandis qu’elle ordonna à son propre groupe de reprendre la marche. Elles n’étaient plus très loin : quelques pas plus loin, les gardiennes poussèrent vigoureusement Kyra dans une pièce où l’attendaient trois femmes en tenue de médecin. La première était une brune aux yeux verts, la trentaine bien avancée, dont la petite taille contrastait avec la puissante aura d’autorité qui émanait d’elle. Même Marion semblait la considérer avec respect. La seconde était une froide beauté nordique, grande et mince qui avait un air impitoyable et austère. Kyra pensa immédiatement aux femmes SS de ses livres d’histoires. La troisième, insignifiante, ne semblait être là que pour assister les deux autres.
- Ravie de te rencontrer enfin, Kyra, salua la brune. Je m’appelle Aurélie, et je te présente Tanja et Marie. Nous sommes toutes les trois docteurs en médecine, avec une solide expérience derrière nous. Comme Marion a dû te le dire, tu es sur le point de participer à un programme de recherche secret. Tu as été sélectionnée pour ton excellente condition physique ainsi que la solidité de ton mental.
Kyra n’en croyait pas ses oreilles. Cette femme parlait comme si elle la connaissait intimement. Semblant deviner ses pensées, Aurélie expliqua :
- Nos employeurs sont très puissants, tu sais. Cela fait des semaines que nous t’observons : à ton domicile, à ton travail, chez ton psy… Ce dernier nous a d’ailleurs été très utile dans le cadre de ton évaluation psychologique. Nos sujets font l’objet d’une sélection rigoureuse et intransigeante. Nous ne pouvons pas nous permettre de fausser nos résultats avec des cobayes de seconde main.
La rage de Kyra explosa brutalement :
- Espèce de salopes ! C’est dégueulasse ce que vous faites, vous valez pas mieux que des nazis ! Qu’est-ce que vous croyez, que…
Un brutal coup de matraque au creux de ses reins l’interrompit net, et elle tomba à genoux avec un cri de douleur. Deux gardiennes lui empoignèrent les bras, tandis que Marion enserrait son cou dans l’étau de son bras. Le souffle court, Kyra cessa de se débattre. La gardienne chef lui murmura au creux de l’oreille :
- Quel dommage, tu t’en sortais tellement bien jusque-là.
Et Aurélie de commenter :
- Je suis déçue. Notre travail est autrement plus valorisant que le programme raciste et imbécile de ceux auxquels tu nous compares. Si tu savais tout tu regretterais d’avoir dit ça, mais je comprends que tu pèches par ignorance. Néanmoins, je ne vois plus pourquoi tu bénéficierais d’un traitement de faveur. En général, j’évite à mes patientes modèles la première séance dès le premier jour, mais je crois que ton impulsive arrogance a besoin d’être domptée.
Les gardiennes forcèrent Kyra à se relever et sur un geste d’Aurélie, l’entraînèrent malgré ses protestations dans un coin de la pièce, auprès d’une étrange construction de métal. Il s’agissait d’une sorte de « A » majuscule dépourvu de pointe supérieure, atteignant en hauteur les hanches de la prisonnière. L’engin était pourvu d’un panneau de commande permettant d’en régler le degré d’écartement sur trois axes, ainsi que de larges sangles de cuir capitonnées sur toute la longueur. Kyra fut forcée de se placer dessus à califourchon, les jambes écartées, l’intérieur de celles-ci contre les branches métalliques où elles furent entravées aussitôt, au niveau des chevilles, des genoux et des cuisses. Tanja se plaça ensuite derrière le panneau de contrôle et pressa plusieurs boutons. La machine émit alors un ronronnement et se souleva avant de s’écarter lentement. Kyra se retrouva portée à une trentaine de centimètres du sol, les jambes écartées à un peu plus de quarante-cinq degrés. La parfaite répartition de son poids sur son appui alliée à la largeur des sangles rendaient ce bondage original complètement indolore. Le haut de son corps était toujours libre à partir de la taille mais cela n’allait pas durer. Une paire de menottes en cuir pendait du plafond au bout de chaînes métalliques. Les gardiennes les attachèrent autour des poignets de Kyra et Tanja fit en sorte de remonter les chaînes de façon à ce que les bras de la prisonnière soient en tension maximum à la verticale au-dessus de sa tête. En plus de terminer de façon simple l’immobilisation de la jeune femme, mais cela l’obligeait en plus, par le jeu de l’anatomie, à se cambrer vers l’avant, projetant ses seins et son bassin. La position était idéale pour ce qui allait suivre. Pour terminer, Marion réduisit Kyra au silence en lui mettant un bâillon mords.
Aurélie et Tanja s’avancèrent ensuite auprès de leur prisonnière, pendant que Marie approchait un chariot d’accessoires couvert d’étranges ustensiles : des seringues et des flacons, mais également des plumes et d’autres instruments quelque peu incongrus. Aurélie attrapa une seringue et, avec des gestes professionnels elle l’emplit d’un produit de couleur claire. Ensuite, posément, elle désinfecta l’aine de sa patiente et lui injecta le sérum. Kyra commença à avoir des vertiges, et une sensation oppressante lui serra le ventre. La scientifique s’expliqua sur un ton docte, en préparant une seconde injection, un liquide opaque cette fois :
- La solution que je viens de t’administrer est un standard, inventé par les laboratoires du KGB et perfectionné par nos soins. Il instille la confusion dans l’esprit du patient ainsi qu’une désagréable impression d’insécurité. Cela a toujours été très utile dans le cadre des interrogatoires. En revanche, ce qui va suivre est entièrement de notre conception.
Nouvelle injection. Cette fois-ci Kyra sentit une chaleur torride irradier de son bas-ventre. Sa peau sembla s’électriser sous l’effet d’une sensibilité accrue, et la jeune femme fut prise d’une puissante envie d’onanisme. Elle contracta ses bras, faisant tinter les chaînes, et poussa un râle de frustration, agitant son bassin dans l’espoir de pouvoir frotter son sexe en feu à quelque chose. Ce spectacle impressionnant fit sourire Aurélie, qui se tourna vers Tanja et lui intima un ordre d’un bref mouvement de tête. La belle nordique vint alors se placer derrière la prisonnière, sur une marche pour être à la hauteur idéale, et vint doucement la chatouiller sous les bras. De petits mouvements brefs, frétillants mais redoutables. Kyra poussa un cri de surprise, puis se mit à rire à travers son bâillon, nerveusement. Elle se tortillait sur elle-même de droite et de gauche pour échapper à sa tortionnaire, mais les doigts fins et élégants de Tanja la poursuivaient avec une dextérité sans pareille, sans que le contact ne soit rompu une seule seconde. Dans le cours de ses mouvements désordonnés, Kyra renversa la tête en arrière et put croiser le regard de glace de son bourreau. Cette dernière affichait un sourire d’un sadisme tel que la jeune femme n’en avait jamais vu. Elle poussa un hurlement quand Tanja augmenta le rythme de ses chatouilles, et attaqua du même coup ses côtes. Puis elle se déchaîna sur l’ensemble du torse de sa victime, la chatouillant des aisselles jusqu’au hanches, sans oublier le cou et le dessus des seins. Les gestes d’évitement brusques de Kyra se firent aussi frénétiques que son rire, à ce moment-là. Elles étaient insupportables, ces sensations insidieuses qui la torturaient sans jamais lui faire mal. C’était comme un supplice dont la première seconde, ce moment où l’anticipation de la douleur à venir était pire que la douleur elle-même, se serait répété à l’infini.
Bien entendu, cela ne faisait que commencer. A travers le bruit assourdissant de ses rires hystériques, Kyra entendit Marie faire une remarque à sa supérieure. Celle-ci lui répondit d’un ton qui trahissait sa fascination pour ce qui était en train de se dérouler :
- Je n’ai pas besoin des chiffres pour savoir comment elle réagit : il suffit de la regarder. Je crois qu’elle est parfaitement réceptive à nos techniques de base. Voyons maintenant des méthodes plus raffinées.
Tanja arrêta de chatouiller Kyra et vint prendre sur le chariot une paire d’instruments que la jeune femme ne put identifier avant qu’elle ne revienne se placer derrière elle. En revanche, elle vit clairement ce qu’Aurélie avait pris en main : un vibromasseur de type « baguette magique », c'est-à-dire non destiné à la pénétration. Son désir la tenaillait toujours entre les cuisses et elle implora du regard la scientifique de s’en servir. Celle-ci lui retourna un « pas encore » espiègle juste avant que Kyra ne pousse un effroyable hurlement : Tanja avait recommencé à lui torturer le haut du corps, mais cette fois avec deux brosses vibrantes au toucher ferme. Elle dessinait des formes simples mais d’une imparable efficacité sur le corps nu de sa victime qui manqua plusieurs fois de s’étrangler lorsque sa tortionnaire insistait sur un point particulièrement sensible, tel que le creux des aisselles ou le haut des seins. Par contre, la belle nordique évitait soigneusement de venir lui flatter les tétons car l’effet aurait été contraire à celui recherché. Des larmes commencèrent à couler le long des joues de Kyra alors que les exaspérantes sensations saturaient son cerveau déjà amoindri par les drogues et l’excitation sexuelle.
Aurélie s’approcha et alluma calmement son ustensile, tandis que le supplice se poursuivait sans temps mort. Puis, avec une lenteur exagérée, elle vint placer le vibromasseur en contact direct avec le clitoris de la prisonnière. Dès qu’elle constata que le premier frisson de plaisir remontait le long de son corps, elle retira aussitôt l’instrument à peine à un centimètre du sexe de Kyra, qui réagit par un sonore cri de dépit. Aurélie laissa passer une seconde puis appliqua derechef le vibromasseur sur les parties intimes de sa victime, un peu plus longtemps cette fois-ci, avant de le retirer de nouveau. Elle joua ainsi un moment avec la prisonnière, l’obligeant à endurer de longues minutes de chatouilles pour quelques secondes de plaisir, faisant grimper les enchères de son désir au maximum. Kyra forçait comme une folle sur les entraves de ses jambes dans l’espoir de rapprocher son sexe de l’objet qui lui procurait ces quelques instants fugaces pendant lesquels elle échappait à la torture. Elle ne réfléchissait plus, son corps réagissait automatiquement, de façon presque animale. Il fallait qu’elle jouisse, elle n’y tenait plus.
Une fois de plus, Aurélie appuya encore son instrument sur le sexe moite de la jeune femme, mais celle-ci constata, à mesure que le plaisir l’envahissait, que la femme semblait décidée à la laisser jouir. Les douces brûlures de l’excitation vinrent caresser chacune des fibres de son corps meurtri par les sensations contradictoires, irradiant de sa vulve pour se propager partout, comme la vague prend d’assaut la digue en pleine tempête. Elle aida la montée de l’orgasme avec de petits mouvements de balancement des hanches, qu’elle parvenait à effectuer malgré ses entraves. Elle ne sentait même plus les chatouilles, tendue toute entière vers son unique objectif : la jouissance. Et alors que celle-ci allait la foudroyer, Aurélie coupa net le vibromasseur et l’éloigna immédiatement. Kyra poussa un terrible rugissement de dépit qui se mua aussitôt en un concert de rires alors que les indicibles sensations cutanées reprenaient le dessus, la dévorant de façon plus insoutenable encore que précédemment.
Au fin fonds de son esprit désintégré par la torture, Kyra comprit sa situation dans toute son ampleur. Marion était sérieuse lorsqu’elle disait que la jeune femme leur appartenait. Elle était dépossédée de son corps : la moindre de ses sensations dépendait maintenant du bon vouloir de quelques femmes prêtes à tout pour accomplir leurs obscurs desseins. Alors que la torture conjuguée de son sexe et de son torse recommençait avec encore plus d’intensité, Kyra se demanda avec horreur combien de temps cela pouvait durer avant que son corps l’abandonne. Elle préférait mourir plutôt que cela continue. Elle le souhaita de toutes ses forces.
Fin de la première partie