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Rescapée, Partie II

Tenebrae

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Mar 21, 2005
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Après mûre réflexion, j'ai décidé de scinder Rescapée en trois parties plutôt qu'en deux. Cela afin d'avoir des morceaux à peu près égaux et de faire taire les rumeurs comme quoi j'aurais soi-disant cessé d'écrire (j'ai vos noms !). Merci immensément à chacun de ceux qui aiment mes histoires, pour leur patience et leurs encouragements. Spécial dédicace également à Peheff, qui m'a donné envie d'écrire.

Vous l'attendiez tous : voici le passage obligé de monsieur le censeur. Alors oui je n'ai pas pu m'en empêcher, mes vieux démons m'ont repris et cette histoire se voit encore dotée d'une scène qui ne plaira pas à tout le monde. :devil: Ben... tant pis :p Ceux qui aiment apprécieront. Enjoy !

+ + +​

Kyra s’éveilla en sursaut. Elle mit un moment à réaliser où elle était. Les draps dans lesquels elle était allongée nue, bien que trempés de sa sueur, n’étaient pas les siens. Autour d’elle, la pièce était plongée dans le noir total, mais la désagréable odeur de désinfectant ne laissait pas planer le doute sur sa localisation. La jeune femme poussa un soupir profond : la séance de torture de la veille lui revenait en mémoire dans tous ses détails les plus atroces. Elle se rappelait les frustrations sexuelles, les chatouilles insupportables, la solidité de ses entraves. Le sourire de ses bourreaux. Elle s’était évanouie à plusieurs reprises, et à chaque fois elle avait été immédiatement ranimée. En revanche elle n’avait aucun souvenir de la fin de sa terrible épreuve. Les gardiennes avaient dû la ramener ici alors qu’elle était encore inconsciente. Elle se redressa sur sa couchette et dut étouffer un cri : son corps était perclus de courbatures. Elle s’était certainement débattue comme une folle. Entre ses cuisses, elle sentait encore une gêne, comme une sorte de pression permanente. Elle songea amèrement au supplice du vibromasseur, et une vague de désir, puissant et incontrôlable, monta de nouveau en elle. Sans réfléchir à ce qu’elle faisait, elle se laissa aller sur le dos, puis elle porta une main à un de ses seins, et l’autre à sa vulve. Avec volupté, elle commença à se caresser, y prenant plus de plaisir que jamais. Elle prit son temps, faisant monter progressivement sa propre excitation jusqu’au point critique où elle relâcha d’un seul coup toute l’insatisfaction accumulée jusque-là en un cri bref mais retentissant.

Avec une déplaisante soudaineté les puissants néons s’allumèrent avec un bruit sec, illuminant la pièce d’une forte lumière blanche. Aveuglée, Kyra battit des paupières un instant le temps que sa vision revienne à la normale. Elle eut un sursaut de surprise lorsqu’elle constata que la pièce était plus vaste qu’il n’y paraissait, et qu’une autre prisonnière la partageait avec elle. Il s’agissait de Valérie, la femme qu’elle avait croisée la veille, celle qui était attachée sur le chariot. Kyra rougit immédiatement : il y avait toutes les chances qu’elle l’ait entendue se masturber, et elle en conçut une gêne manifeste. Sa compagne de cellule, elle aussi nue, était assise sur son lit, les jambes ramenées contre sa poitrine, la tête posée sur les genoux. Elle l’observait, ses beaux yeux d’émeraude à peine dissimulés derrière le fin rideau soyeux de quelques mèches de cheveux. Voyant que Kyra ne savait pas trop quoi dire, elle s’adressa à elle la première, évitant soigneusement toute allusion susceptible d’ajouter à l’embarras de la jeune femme :

- Bonjour. Bienvenue dans ton nouveau « chez toi ». Je m’appelle Valérie, mais tu le sais déjà, vu qu’on s’est croisées hier.

- Je me souviens, confirma Kyra d’un ton gêné.

- Non, ne t’en fais pas pour ça, la rassura Valérie. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que tu me verras dans cet état. Et sans vouloir être blessante, je pense que ce sera pareil pour toi. Tu t’appelles comment ?

- Kyra.

La femme s’assit en tailleur sur son lit, révélant ses formes parfaites. Kyra songea qu’elle voudrait bien être aussi belle, lorsqu’elle aurait elle aussi passé quarante ans.

- Qu’est-ce qui se passe ici ? On est où ?

- Où précisément je ne sais pas, mais ce que je sais c’est qu’il y au moins un gouvernement impliqué. J’ai déjà vu des militaires et des officiels se rendre aux…

Silence gêné.

- …sessions.

- Je comprends pas. Pourquoi ils nous font ça ? Qu’est-ce qu’on a à voir là-dedans ?

- Apparemment, on est des sujets de test dans le cadre d’une recherche pour le développement d’une nouvelle méthode d’interrogatoire. C’est Marion qui me l’a avoué lors de ce qu’elle appelle « un de nos tête à tête ». Elle parle beaucoup trop, notre chère gardienne chef. Un jour ça lui jouera des tours.

L’ironie de la phrase n’atteignit pas Kyra, qui continua de presser Valérie de questions :

- Interrogatoire ? Quoi, ces tarées inventent des méthodes de torture qu’elles testent ensuite sur nous ?

- Oui. D’après ce que j’ai compris, elles ont été chargées de mettre au point des produits qui seraient compatibles avec une méthode inédite pouvant faire parler les suspects à tous les coups sans laisser de traces. C’est particulièrement important dans le cas des femmes, comme nous. Certains pays ont des lois assez restrictives sur les interactions entre hommes et femmes, donc si on peut former un personnel féminin spécialisé dans ce genre de méthodes, ça lève le problème éthique. Sans parler qu’il est extrêmement difficile de prouver qu’on a été torturée quand on n’en porte pas la moindre marque sur le corps.

La jeune femme était atterrée. Elle songea un moment aux implications de ce qui venait de lui être révélé. Puis, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres :

- Pourquoi nous ? Je veux dire… Aurélie m’a dit que j’étais sous surveillance depuis longtemps, que j’avais été sélectionnée. Mais sur quels critères ?

- Ca je sais pas trop. Pour ce qui est de la nationalité, cela ne semble pas faire de différences pour elles. J’ai déjà vu des filles de tous les pays d’Europe, et même d’ailleurs. Par contre je sais qu’elles nous veulent en parfaite condition physique. Tu le verras tout à l’heure : dans quelques minutes elles viennent nous chercher pour nous faire prendre le petit déjeuner, et après elles nous emmènent faire du sport, pendant à peu près deux heures.

- Et ensuite ?

- Ensuite si tu n’es pas punie, tu as soit quartier libre, soit une séance, qui peut se prolonger jusqu’au lendemain.

Kyra frissonna. Valérie fit une remarque cynique :

- Oh ne t’en fais pas. En général elles ont des quotas de séances par semaine, pas plus de deux ou trois. Elles ne veulent pas nous faire mourir. Et pour te dire la vérité, je me demande parfois si ce ne serait pas mieux.

Essayant d’ignorer le fait qu’elle ne pourrait probablement pas supporter une seule séance de plus, la jeune femme demanda :

- Tu as l’air de bien connaître le fonctionnement. Ca fait longtemps que tu es là ?

Valérie essayait de garder une contenance, mais Kyra sentait bien que cette question la troublait.

- Je ne sais pas. Trop longtemps sûrement. Les chambres n’ont pas de fenêtre, et on perd vite la notion du temps avec cet éclairage artificiel. Les journées sont bien réglées mais je n’ai pas pris la peine de les compter. En plus quelque fois, pour te punir, elles te privent de sommeil : elles gardent la lumière allumée 24h/24 et diffusent des sons à fond dans ta cellule. De quoi te rendre folle. Et pas vraiment idéal pour tenir à jour un calendrier.

La fêlure apparut lorsque, baissant les yeux, elle ajouta d’une voix blanche :

- Je ne sais même pas si mes enfants ont fait le deuil de ma disparition.

Kyra sentit monter des larmes de colère. Ce qui se déroulait ici était pire encore que ce qu’elle imaginait. Elle n’eut pas le temps de s’en émouvoir davantage : quatre gardiennes venaient d’entrer. Docilement, sans opposer la moindre résistance, Valérie se leva et se plaça d’elle-même entre deux d’entre elles, en évitant soigneusement de croiser leur regard. Kyra ne bougea pas, fixant les gardiennes dans les yeux avec un air de défi. Elle n’avait toujours pas décoléré. La fille la plus proche d’elle lui lança un avertissement :

- Tu es nouvelle ici, alors je vais être sympa et te prévenir. Si on a décidé que tu viendras avec nous, c’est exactement ce que tu vas faire, de gré…

Elle tira sa matraque de son étui.

- …ou de force.

- En plus, renchérit une deuxième, tu serais vraiment conne de pas venir. C’est juste le petit dèj. Les sessions, en général, c’est plutôt l’après midi.

Comme Kyra ne bougeait toujours pas, Valérie lui dit d’une voix douce :

- Tu devrais faire ce qu’elles te disent. Sois raisonnable : ça vaut pas le coup de se faire torturer en plus de ce qu’elles nous font déjà.

- Elle a tout compris ta copine. Faut dire qu’elle a payé pour connaître le système. Alors, une dernière fois, tu viens manger ?

Finalement, Kyra se leva de son lit et accompagna les gardiennes. Mais contrairement à Valérie, elle garda le dos droit et le regard fier. Elle voulait leur montrer qu’elle n’allait pas se laisser intimider facilement. En retour, les geôlières semblèrent apprécier le défi. Cela devait les changer de la routine à laquelle elles étaient quotidiennement confrontées. Elles jetèrent un t-shirt large et une petite culotte à chacune des prisonnières et leur ordonnèrent, avec une ironie non feinte, de « s’habiller ». La jeune femme et sa compagne de cellule ne se firent pas prier, satisfaites de pouvoir retrouver un minimum de dignité. Sitôt qu’elles furent prêtes, elles sortirent, encadrées par leurs anges gardiens.

On les mena aux parties communes, situées au premier étage. Elles prirent l’ascenseur avec d’autres filles qu’on avait elles aussi sorties de leurs cellules. Certaines semblaient avoir à peine seize ans, tandis que d’autres étaient plus proches en âge de Valérie. Kyra chercha à établir un contact visuel avec au moins l’une d’entre elles, mais elles semblaient toutes murées dans leur solitude, les yeux braqués vers le sol. Certaines se tenaient par la main pour se donner du courage, les doigts si serrés que leurs phalanges en étaient blanches. Une fois arrivées au premier, les prisonnières furent menées à travers une double porte battante dans la grande salle qui servait de réfectoire. Kyra manqua de pousser un cri de surprise : l’endroit semblait accueillir plus d’une cinquantaine de filles, et encore il devait s’agir de l’estimation la plus basse. Des dizaines de femmes étaient assises sur des bancs à de longues tables, où elles mangeaient en échangeant des discussions à voix basse. Les prisonnières semblaient avoir le droit de parler, mais dès que le ton montait, les gardiennes intervenaient, menaçantes. Le plafond était assez haut, et Kyra se demanda si l’endroit n’avait pas auparavant été une ancienne chapelle ou quelque chose comme cela. Puis elle aperçut un spectacle horrible, qui la fit stopper net.

Au fond, sur une haute estrade au vu de toutes, une femme nue était allongée sur un banc blanc, étroitement ligotée des épaules jusqu’aux pieds. Sa tête était emprisonnée dans un étau qui l’empêchait de faire le moindre mouvement. A ses côtés trônait une étrange machine, pourvue d’un réservoir et d’un tuyau qui surplombait sa tête d’environ vingt centimètres. Dans sa bouche, un entonnoir de métal était enfoncé, visiblement jusqu’au fond de sa gorge, et la machine, par à-coups d’une terrifiante régularité, vomissait avec un écoeurant bruit de succion une pâte informe semi liquide à la couleur peu engageante, qui via l’entonnoir tombait directement dans la bouche de la suppliciée, la forçant à l’ingérer. La pauvre femme déglutissait avec difficulté, et attendait en poussant de pitoyables gémissements que la substance ne vienne les noyer de nouveau. Marion était sur l’estrade, contemplant la scène les bras croisés et l’œil satisfait. De temps à autres, elle se tournait vers certaines de ses consoeurs et leur lançait des plaisanteries idiotes sur l’atroce supplice que toutes semblaient beaucoup apprécier. Derrière, bien en évidence, était posé un panneau qui indiquait en lettres capitales et dans plusieurs langues : J’AI REFUSE DE MANGER ET MAINTENANT JE SUIS PUNIE.

Kyra reçut une violente bourrade qui lui intima de continuer à marcher. Les nouvelles arrivantes furent forcées de se mettre en file d’attente pour recevoir leur plateau. Celui-ci contenait des couverts en plastique, un quart de litre d’eau, une pomme et un plein bol rempli de la même substance bizarre que la suppliciée de l’estrade était forcée d’ingurgiter. Les gardiennes attendirent qu’un banc soit libéré entièrement avant de laisser les filles s’asseoir, leur signalant qu’elles n’avaient que vingt minutes avant qu’on vienne les chercher pour leur séance de sport. Valérie se débrouilla pour se retrouver à côté de Kyra, et s’adressa à elle à voix basse :

- Ne me refais jamais ça ! Si tu les défies comme ça elles pourraient non seulement t’envoyer voir Marion, mais en plus je pourrais être punie aussi pour pas avoir su t’apprendre comment te comporter. Vu que je suis la plus ancienne, tu peux être sûre qu’elles m’en tiendront pour responsable.

- Excuse-moi, murmura Kyra sur un ton sincèrement désolé. Je ne le ferai plus. Mais je suis trop écoeurée par ce qu’il se passe ici. Regarde ce qu’elles font à cette pauvre fille.

Elle désignait l’estrade. Valérie sembla la remarquer pour la première fois et lui fit une réponse surprenante :

- Je sais, mais elle l’a cherché, dit-elle sèchement. C’est pas l’hôtel ici, si on te dit de manger tu manges, un point c’est tout. Ou tu t’exposes à des problèmes. D’ailleurs, tu devrais le faire aussi, il faut que tu aies au moins fini la bouillie avant vingt minutes, sinon elles vont te le faire payer.

- Quoi ? s’écria Kyra choquée. Comment tu peux dire un truc pareil ? Elles ont pas le droit de…

Elle avait parlé un peu trop fort. Une gardienne se jeta sur elle et lui tordit un bras dans le dos pour l’immobiliser. De l’autre main, elle lui saisit la mâchoire en une prise douloureuse et l’apostropha :

- Qu’est-ce que t’as toi ? Ca te plaît pas ? Tu veux faire un tour sur l’estrade, toi aussi ? On a une super vue de là-haut.

Marion, agacée, lui lança de loin :

- Laisse tomber, c’est une nouvelle. Elle apprend encore. En plus, on n’a même pas fini avec celle-là. Je veux qu’elle termine le réservoir.

Puis à l’attention de la suppliciée :

- Hein ma chérie ? Peut-être que la prochaine fois tu finiras ton assiette. Allez, t’as déjà fait un litre : plus qu’un et c’est fini.

La gardienne, comme à regret, relâcha Kyra. La jeune femme se massa le bras pendant que Valérie secouait la tête d’un air désabusé.

- C’est normal au début. On crie, on se rebelle. J’étais pareille. C’est peut-être même pour ça qu’elles nous ont mises ensemble d’ailleurs, pour que je t’explique que ça mène à rien. Très vite on en a assez d’être punie. Et c’est à ce moment qu’on fait tout ce qu’elles nous disent, et qu’elles ont gagné. Elles gagnent toujours.

Elle hésita un instant, puis elle se pencha vers Kyra et compléta son explication :

- Pour que tu comprennes bien, je vais te dire ce qu’elles sont en train de lui faire. Cette bouillie, c’est un truc nutritionnel mis au point par l’armée. Ca n’a pas de goût et c’est bourré de nutriments essentiels et de vitamines. On n’a pas besoin d’en manger beaucoup, deux repas par jour sont suffisants. La fille qui est là-haut, elles lui en donnent une version différente, très appauvrie pour pouvoir lui en faire avaler une grande quantité sans qu’elle prenne de poids. Tout le monde doit rester en forme, c’est le credo ici. Par contre, pour pas que la punition soit trop gentille, elles ajoutent deux trucs : le premier, c’est un laxatif. Le deuxième, c’est une saleté de sauce piquante, très forte. Ca donne des diarrhées épouvantables, très douloureuses, sans parler de la bouche qui est en feu tout le long du gavage. Et pour pas que tu en mettes partout, elles te ferment l’arrière avec une sorte de culotte en métal. Elles ne te l’enlèvent que quand tu es dans ta cellule, après t’avoir laissé souffrir une heure ou deux.

Horrifiée, Kyra se retourna dans la direction de l’estrade. Elle voyait maintenant le supplice sous un angle différend. Elle imaginait en plus de la suffocation les atroces crampes d’estomac de la femme, la brûlure que devait laisser la substance tout le long de son tube digestif, et l’immense envie jamais satisfaite de se soulager. Sans oublier la peur, cette peur abjecte qui devait la saisir en attendant que le tuyau vomisse un nouveau flot. Kyra se détourna et fixa son plateau en essayant d’ignorer les cris lancinants que lançait la suppliciée. Elle commença à manger, mais elle n’avait aucun appétit : le bruit de chaque déversement était horriblement proche d’un son de violente défécation, et lui donnait la nausée. La nourriture n’avait effectivement pas de saveur, mais cela n’avait pas que des avantages. Par association d’idées, le bruit aidant, il semblait à Kyra qu’elle commençait à avoir le goût infâme des déjections contenues de la femme de l’estrade. Elle était certaine que ce devait être l’effet recherché : autour d’elle de nombreuses filles semblaient aussi mal à l’aise qu’elle. Une fois qu’elle eut, avec difficulté, terminé son bol, elle se jeta sur la pomme avec voracité. Après la bouillie, le fruit faisait presque figure de récompense tant il était délicieux. Son goût sucré chassa immédiatement toute sensation désagréable laissée par le précédent mets. La jeune femme le dévora trop vite et regretta de ne pas en avoir un autre à se mettre sous la dent. Valérie avait fini de manger depuis longtemps et regardait Kyra vivre ce plaisir simple avec dans les yeux la lueur bienveillante de celle qui est déjà passée par là. Une des gardiennes, montre en main, s’avança et commanda d’un ton ferme :

- C’est fini, les filles. Tout le monde pose les couverts, on va faire une petite inspection pour trouver celles qui en ont laissé.

Deux gardiennes firent rapidement le tour de la table. La dizaine de femmes présentes avait tout fini : elles firent signe à leur collègue de continuer.

- Eh bien, je suis impressionnée. Tout le monde semble avoir été une gentille fille, c’est un bon point pour vous. Maintenant, ramassez vos plateaux, allez les poser là où il faut et mettez-vous en rang par deux. A partir de là, à mon signal tout le monde va à la salle de gym, en marchant tranquillement et sans parler.

Les femmes s’exécutèrent, sans incident. Lorsqu’elles furent toutes en rang, la gardienne ordonna le départ, et la colonne s’ébranla vers la sortie. Kyra jeta un dernier regard à la femme de l’estrade, dont le gavage s’était poursuivi sans interruption pendant tout le repas et continuerait sans doute après que la salle soit vide. Sans qu’elle sache pourquoi, elle ressentait énormément d’empathie pour cette femme. Personne ne méritait un tel traitement. Personne.

+ + +​

Les gardiennes arrêtèrent le groupe devant une double porte battante du rez-de-chaussée. Elles s’alignèrent ensuite de part et d’autre de la colonne et intimèrent aux prisonnières d’entrer. Les filles de devant poussèrent les battants et la colonne pénétra dans la pièce, les gardiennes fermant la marche. C’était une vaste salle de gym pourvue de tous les équipements dernier cri, copie conforme des divers centres de remise en forme qu’on retrouvait partout en centre-ville. Elle était d’une propreté irréprochable, et n’eut été la tenace odeur de transpiration qui indiquait qu’elle venait d’être très fréquentée peu de temps auparavant, on eut pu croire qu’elle venait juste d’ouvrir ses portes. Etaient présentes pour accueillir les filles de nombreuses jeunes femmes en tenue de sport noire, brassière et pantacourt, toutes pourvues d’un badge rappelant qu’elles faisaient partie du personnel de la clinique. Elles étaient toutes de taille et d’apparence différentes, mais avaient chacune un corps parfaitement développé et une allure volontaire qui laissait une forte impression. Les nouvelles comme Kyra leur jetaient des regards interrogateurs mais les anciennes se dirigèrent d’office vers une fille, chacune la sienne. Valérie ne s’avança pas immédiatement et avertit à Kyra :

- Ce sont les éducatrices sportives. Leur seul boulot c’est de nous pousser à atteindre nos limites et nous forcer à les dépasser. Ainsi on devient plus résistante pour les séances de torture. On a chacune la sienne et elle ne change que rarement. Comme tu es nouvelle, tu n’as qu’à rester là où tu es : on va t’en attribuer une.

Sur ce, Valérie alla prestement rejoindre son entraîneuse : une grande brune au corps parfait qui l’accueillit avec un sourire carnassier. A peine Kyra avait-elle détourné les yeux de sa compagne de cellule qu’elle remarqua une jolie rousse qui la dévisageait avec beaucoup d’intérêt. Elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que déjà la fille était sur elle et la saluait d’un ton enjoué :

- Salut ma belle ! Je m’appelle Lucie, et je vais être ta nouvelle coach. Je suis sûre qu’on va faire du bon travail toutes les deux.

Ce ton sympathique sonna comme une provocation aux oreilles de Kyra. Elle ne répliqua pas mais toisa la jeune fille d'un regard qui en disait long.

Sifflement d’une des gardiennes :

- Fais gaffe Lucie ! Celle-là, elle mordrait presque.

Lucie ne se départit pas de son sourire pas plus qu’elle ne releva l’insulte. Toujours sur la même note affable, elle poursuivit :

- Allons tu devrais pas le prendre comme ça. Je suis pas une gardienne ou une scientifique, moi. Mon but n’est pas de te faire souffrir mais de te fournir les armes dont tu auras besoin durant les séances. Tu verras, à la longue on deviendra très copines toi et moi.

Kyra, prenant sur elle pour ne pas gifler cette fille, s’interrogea : était-elle une simple écervelée ou ses manières aimables et son faux discours cachaient-ils une personnalité davantage complexe ? Elle n’eut pas le temps d’approfondir : déjà Lucie l’entraînait vers un appareil à charge guidée, pendant que les autres prisonnières étaient emmenées en direction d’autres engins, comme des bancs de musculation, ou encore des cardiotrainers. Parvenue près de la machine, Kyra constata avec inquiétude que celle-ci était pourvue de sangles de cuir réglables au niveau des poignées et du siège. Comme si cela ne suffisait pas, Lucie lui ordonna de retirer ses vêtements avant de s’asseoir. Toujours sans entrain, Kyra se mit à nouveau nue devant ses bourreaux, avec pour seule consolation le fait que toutes les autres filles semblaient en faire autant, et que l’attention n’était donc pas concentrée sur sa seule personne cette fois. Lucie la détailla de pied en cap, telle une marchande d’esclaves des temps anciens, et approuva :

- C’est vrai que tu es pas mal. Mieux que la plupart des nouvelles qui arrivent ici en tout cas. Tu faisais quoi comme sport ?

Kyra garda les dents serrées. Lucie se contenta de lever les yeux au ciel en une attitude sarcastique, et elle tapota le siège :

- Installe-toi.

Une gardienne zélée s’était rapprochée, juste au cas où. Kyra ravala son orgueil et elle s’assit sur l’engin. Le siège en cuir était plutôt confortable. Baissant les yeux, elle remarqua de fins fils électriques à ses pieds. Sans doute la partie visible d’un appareil pour prendre la tension. Son attention fut attirée ailleurs : Lucie venait de lui prendre un bras et lui attacha le poignet à une des menottes capitonnées qui pendait des branches de l’appareil, puis, faisant le tour, elle fit de même de l’autre côté. Ensuite elle lui attacha les cuisses et les genoux au siège, et après s’être assurée que ses pieds nus ne touchaient pas le sol, elle fit de même avec ses chevilles. « Pour pas que tu pousses sur tes pieds mais uniquement sur tes bras » lui expliqua-t-elle. Comme Kyra s’y attendait, la rousse lui colla des électrodes sur la poitrine, et alluma un appareil de mesure dont l’écran se trouvait sur le côté. Elle procéda à divers réglages, puis alla chercher un des fils qui se trouvait par terre. A la vue de celui-ci, Kyra eut une appréhension. Il ne se terminait pas par un autocollant comme les autres, mais par une petite pince crocodile cuivrée. Lucie, avec des gestes précis dégagea d’une main le clitoris de sa victime, et y accrocha le petit ustensile, malgré les soubresauts désespérés de la jeune femme, malheureusement contrés par ses entraves. Lorsque la pince fut douloureusement mise en place, Kyra avait toutes les peines du monde à l’ignorer. La douleur en elle-même était supportable mais la gêne était atroce et humiliante. Elle jeta un regard haineux à sa tortionnaire, tandis qu’un peu plus loin une fille plus jeune s’était mise à pleurer, attirant l’attention des gardiennes railleuses. Comme si de rien n’était, Lucie régla les poids derrière l’engin, puis elle s’adressa à la prisonnière :

- Bon on va y aller. Tu connais le principe : tu tiens bien les poignées et tu tires. Tu ramènes bien jusqu’aux épaules et tu relâches. Pour l’instant, on s’échauffe alors tu m’en fais que dix.

Kyra ne fit pas le moindre geste. Elle se contentait de fixer Lucie avec une lueur de défi dans les yeux. Celle-ci soutint sans problème son regard de feu pendant une poignée de secondes, puis elle ajouta, jetant un œil sur l’écran :

- Ce genre d’attitude n’est pas dans ton intérêt. Mais bon, je suppose que tu vas vite t’en rendre compte…

Un instant plus tard, une douleur foudroyante et inattendue s’empara du bas-ventre de Kyra. Accusant le coup d’une intense brûlure qui n’avait pourtant pas duré plus d’une atroce seconde, la jeune femme poussa un hurlement déchirant et se cambra violemment vers le bas, autant que ses liens le permettaient. Aussi surprise que terrifiée par cet invisible assaut, elle eut du mal à recouvrer son souffle. Alors qu’elle commençait à reprendre ses esprits, une autre explosion de souffrance dévasta ses parties intimes, lui arrachant un nouveau cri et la laissant plus pitoyable encore que la fois précédente. Lucie fit une moue navrée :

- Pas très agréables les chocs électriques, hein ? Surtout à cet endroit-là. Je t’explique : toutes les 10 secondes où l’ordinateur intégré n’enregistre pas d’activité satisfaisante sur la machine, il t’envoie une petite secousse. Mais ne t’en fais pas, tant que tu travailles bien, il n’y a pas de raison. Par contre tu devrais te bouger un peu les fesses, la prochaine arrive d’ici… 5 secondes !

Avec un râle de dépit, Kyra attrapa les poignées et commença à travailler. Elle fut surprise de constater que la charge n’était pas excessive et elle n’eut aucune difficulté à effectuer les quelques exercices d’échauffement imposés. Lucie, en coach très professionnelle, corrigeait ses gestes et sa posture au fur et à mesure. Au bout de la première série de dix, elle pressa un bouton, et dit à Kyra :

- C’est bon. Une minute de récupération avant d’attaquer la prochaine série. Sois tranquille : j’ai coupé le courant.

Kyra, respirant profondément, regarda autour d’elle comment se déroulait la séance pour les autres. La plupart effectuaient docilement leurs exercices, lesquels ne semblaient d’ailleurs pas d’une difficulté insurmontable, même si un peu plus loin Kyra avisa une jeune blonde, sans doute la même que tout à l’heure, qui pleurait doucement en faisant ses abdominaux. Apparemment, elle avait uriné sous elle en recevant un choc électrique de trop, et les gardiennes n’avaient pas perdu une si belle occasion de l’humilier davantage. De là où elle était, Kyra ne pouvait pas voir Valérie mais elle entendait son entraîneuse l’encourager. Elle n’eut toutefois pas le temps d’écouter convenablement car un signal de Lucie lui signifia la reprise de l’effort. Elle enchaîna ainsi plusieurs séries de dix levages avec une minute de repos entre chaque, avant que la rousse ne lui déclare :

- Je crois qu’on y est. On va pouvoir attaquer le cœur de l’exercice.

Elle rajouta un poids supplémentaire, et commanda à la prisonnière :

- On continue comme tout à l’heure : tu me fais des séries de dix. Le seul truc qui change, c’est que maintenant tu as deux kilos de plus à soulever. Tu devrais pas avoir trop de mal là non plus, cela dit…

Alors que Kyra soulevait une première fois la nouvelle charge, elle ne sentit que peu de différence avec la précédente. Elle commençait à se détendre quand soudainement, de façon totalement inattendue Lucie se mit à lui faire des chatouilles sous les bras. La jeune femme poussa un cri de surprise et lâcha aussitôt les poignées de la barre. Grave erreur : entraînée par les poids, celle-ci remonta et s’immobilisa en haut, tandis que les bras de Kyra qui y étaient toujours menottés suivirent le mouvement, dégageant du même coup ses aisselles pour les attaques de Lucie. L’entraîneuse accompagna de son rire sadique celui, désespéré, de sa victime et continua imperturbablement de la chatouiller. Kyra, attachée, ne pouvait rien faire pour lui résister. Elle savait y faire : son toucher était techniquement parfait, à la fois suffisamment appuyé et rythmé pour être tout à fait insupportable. Sur un ton espiègle de fausse confidence, elle souffla à l’oreille de la malheureuse :

- Je te suggère de reprendre l’exercice : l’ordinateur enregistre toujours ton activité…

L’esprit de Kyra oublia un court instant les chatouilles pour se focaliser sur un seul but : éviter à tout prix une nouvelle décharge électrique. Faisant un puissant effort de volonté, elle empoigna la barre et tira de toutes ses forces avant que le délai ne soit écoulé. Autour d’elle, le monde semblait avoir sombré dans le chaos. Les hurlements de douleur occasionnels se mêlaient aux concerts de rires, tandis que les entraîneuses assaillaient leurs victimes tout en les poussant à toujours plus d’efforts. Essayant d’ignorer autant son environnement que les chatouilles qui la rendaient folle, Kyra ramena une seconde fois la barre à elle, puis une troisième, en râlant tant l’air lui manquait. Elle effectua un quatrième mouvement, mais elle ne dut pas le faire jusqu’au bout car alors qu’elle en était au cinquième, un choc voltaïque foudroya son intimité et la fit hurler. Dès la vague passée, Lucie qui avait suspendu le supplice des chatouilles à la dernière seconde pour ne pas être électrocutée avec sa victime, reprit aussitôt le cours de celui-ci. Elle avait dû recevoir un entraînement spécifique. Malgré l’atroce distraction, Kyra parvint malgré tout à boucler sa série, la peur au ventre à l’idée d’une autre décharge.

Elle avait cru que Lucie lui accorderait un répit pendant sa minute de relâchement, mais elle s’était trompée : même si, comme auparavant, la femme coupa effectivement le courant, elle continua sans la moindre compassion à la chatouiller sans arrêt, étendant même le supplice aux hanches, aux côtes, et au dessus des seins. Et dès la minute de « repos » écoulée, Kyra fut contrainte de reprendre les levages au même rythme que précédemment, sans que Lucie ne cesse une seule seconde de lui faire des chatouilles. Le simple exercice s’était transformé en une torture à la fois physique et psychologique. Kyra haletait, les muscles des bras à vif, torturée de chatouilles et de douleur mélangées. Et le pire de tout était la pression dans son bas-ventre, cette terreur sourde d’une autre explosion de souffrance, impossible à prévoir tant les chatouilles annihilaient sa concentration. Elle effectuait du mieux possible ses mouvements, les uns après les autres sans les compter, et essayait gérer au mieux sa respiration rendue chaotique par ses rires nerveux afin de ne pas s’étrangler. Les rires et hurlements des autres filles lui vrillaient les tympans et achevaient de donner un caractère cauchemardesque au supplice.

Nouvelle minute de repos. Lucie ne cessa pas plus de la chatouiller. Kyra désespérée renversa la tête en arrière et hurla :

- Stop, stop, pour l’amour de dieu, stop !

Lucie se contenta de répliquer un « Jamais » moqueur et la chatouilla de plus belle. Pour la seconde fois depuis le début de sa captivité, Kyra se mit à implorer la mort, de toute son âme. Personne ne l’entendit.

+ + +​

Kyra n’avait aucun souvenir de la fin de la séance. Elle avait dû s’évanouir car elle sentit qu’elle reprenait conscience. De puissants bras féminins la portaient et elle se sentait flotter en l’air, les jambes traînant derrière elle sur le sol. Sa vue était trop trouble pour distinguer quoi que ce fut, et son corps était aussi inerte qu’une poupée de chiffon. Il lui semblait que toute sensation l’avait quittée, elle se sentait comme en décalage, déphasée. Elle sentit soudainement un vague contact sous elle, et elle comprit qu’on l’avait jetée sur son matelas. Lentement, son esprit se remettait en marche. Le claquement de la porte de sa cellule lui confirma qu’elle était de nouveau enfermée. Elle essaya de bouger mais son corps refusait de lui obéir. Elle clignait des yeux mais sa vue ne revenait pas. Alors, vaincue, elle les ferma et se laissa glisser dans un sommeil profond et salvateur.

De longues heures plus tard, elle émergea de nouveau. Elle se sentait physiquement toujours aussi faible, mais elle percevait comme une présence rassurante auprès d’elle. Elle en eut la confirmation lorsqu’elle se rendit compte que Valérie était assise à l’autre bout du lit, veillant sur le sommeil de sa camarade de cellule. Elle adressa un sourire amer à Kyra alors que celle-ci se redressait. La jeune femme remarqua au passage que Valérie avait rabattu les draps par-dessus son corps nu, un geste qui sur le moment la toucha beaucoup.

- Comment ça va ? Tu tiens le coup ?

- C’est horrible, répondit Kyra en baissant les yeux. Comment elles peuvent faire ça ? C’est juste…

Elle ne trouva pas de mot à même de décrire ce qu’elle ressentait. Valérie secoua la tête.

- Tu ne devrais pas te poser trop de questions comme ça. Elles ne t’auront que plus facilement, si tu restes confuse.

Ricanement ironique de l’intéressée.

- Parce que tu crois qu’elles ne m’ont pas déjà eue ? Regarde-moi, ajouta-t-elle au bord des larmes, je ferais n’importe quoi plutôt que de les laisser me torturer à nouveau. Je ne le supporterai pas, pas encore, pas comme ça !

Elle se prit la tête dans les mains et ravala un sanglot. Très doucement, Valérie se rapprocha d’elle. Elle pénétra avec précaution la sphère d’intimité de la jeune femme, et toujours avec des gestes mesurés, elle lui saisit très doucement les mains, et attendit. Au bout d’un moment, Kyra trouva en elle assez de courage, et ses yeux noirs croisèrent le regard d’émeraude, plein de sagesse et de force, de Valérie. Pendant une poignée de secondes qui semblèrent vouloir devenir une éternité, le cœur de la jeune femme s’abreuva à la source de cette énergie, et elle en conçut une vigueur nouvelle. Posément, Valérie lui déclara :

- Tu ne dois pas abandonner. Je les ai vues : elles ont peur de toi, de ce que tu pourrais devenir. Alors elles veulent te briser avant que tu ne sois inattaquable. Et plus tu les défies, plus elles se régaleront de ta chute. Tu ne dois pas leur laisser l’impression que tu peux gagner, au contraire : tu ne réussirais qu’à les liguer toutes contre toi. Tu dois tout faire pour les priver de raison de te torturer, ne pas leur laisser une seule aspérité à laquelle elles pourraient se raccrocher. Et au moment où elles te laisseront tranquille, où elles relâcheront la pression, c’est seulement là que tu pourras ne rien céder, te montrer intraitable et insoumise. A partir de là tu auras leur respect, et celui de tout le monde ici. Mais si tu ne te préserves pas, je t’assure que tu vas droit dans le mur.

Avec une légère émotion, elle ajouta :

- Ne fais pas les mêmes erreurs que moi.

En un geste spontané de soutien mutuel les deux femmes s’étreignirent, longuement. Kyra était bouleversée : elle était véritablement émue que sa compagne d’infortune lui apporte une telle assistance morale alors qu’elle se sentait prête au renoncement absolu. Mais une partie d’elle se demandait encore ce qui pouvait bien motiver cette sollicitude, certes bienvenue, mais néanmoins étrange de la part de quelqu’un qu’elle connaissait finalement si peu. Son hésitation était perceptible, et Valérie anticipa sa question :

- Cela fait tellement longtemps que je suis là, et depuis tout ce temps j’ai vu tellement de filles se détruire. Si ça doit finir un jour, je veux qu’au moins une d’entre nous en sorte la tête haute. Rien de plus.

Le ton, désarmant de sincérité, vint à bout des dernières réticences de la jeune femme. Elle était décidée à ne pas abandonner, désormais. A aucun prix.

+ + +​

Marine venait imperceptiblement de se tendre en entendant la fin du récit de Kyra. Celle-ci sourit tristement :

- Ne t’inquiète pas, il ne s’est rien passé entre nous. Je veux dire, pas comme entre toi et moi. Valérie a été un énorme soutien pour moi, mais… elle ne voulait pas de ce genre d’affection. A ce moment je crois que je lui en ai un peu voulu, d’ailleurs, mais maintenant je me dis que c’est plus facile comme ça.

Son amie se fit rassurante :

- Ne t’en fais pas pour ça. On ne se connaissait pas à l’époque, pas vrai ?

Le silence qui s’ensuivit était empreint de gêne. Aucune des deux jeunes femmes ne savait vraiment quoi dire à l’issue de cet incroyable compte-rendu qui avait fait quelque peu perdre ses moyens à Marine. Mais lorsqu’elle s’aperçut que Kyra attendait visiblement une réaction de sa part, elle se leva et prit la jeune femme dans ses bras.

- Ma pauvre chérie… Je ne savais pas ce que tu avais enduré. Comment j’aurais pu ?

Les deux amantes restèrent un moment ainsi, tendrement enlacées, puis échangèrent un long baiser. Kyra n’osa même pas demander si son amie la croyait, tant cela lui semblait évident. Toujours en la serrant contre elle, Marine lui demanda :

- Tu ne m’as pas dit comment tu t’en étais sortie…

Kyra secoua la tête :

- Tu vas être en retard au boulot.

- Je peux toujours me faire porter pâle, insista Marine. Comment tu veux que j’aille travailler après que tu m’aies raconté tout ça ?

- Non… Enfin je veux dire, non ça vaut pas le coup. En plus, c’est dur de faire remonter tout ça à la surface. J’ai besoin d’un peu de repos, maintenant.

- D’accord, convainc Marine résignée. Mais promets moi de me raconter la suite ce soir quand je reviendrai. On peut pas en rester là, pas après tout ça.

- Bien sûr. Je peux pas en rester là non plus tu sais. Mais pour le moment, enfin ne m’en veux pas mais…

- Tu veux rester seule. Ma chérie, comment je pourrais t’en vouloir ? Prends ton temps, relaxe-toi, je reviens vite de toute façon.

Avant de franchir le pas de la porte, Marine se retourna et lança à son amie en la regardant droit dans les yeux :

- Et, Kyra… merci. Merci de me faire confiance.

Le sourire que la jeune femme lui renvoya valait toutes les réponses du monde.

+ + +​

Alors que Marine parcourait le trajet familier qui la séparait de son lieu de travail, elle ne prêtait guère attention à son environnement, perdue qu’elle était dans ses réflexions à propos de l’incroyable histoire de sa compagne. Elle ne doutait pas vraiment de sa véracité, les évènements relatés étant trop précis et étranges pour avoir été inventés. Et c’était bien cela le problème : comment une entreprise aussi vaste, organisée et criminelle avait-elle bien pu passer inaperçue ? Il devait bien y avoir des indices, ici ou là. Personne n’avait rapporté en avoir trouvé pourtant. La jeune femme devait donc se rendre à l’évidence : Kyra était la seule personne en mesure de fournir des information sur ces gens, et ce qu’ils faisaient.

Sur cette conclusion, Marine revint un peu à la réalité. Elle regarda autour d’elle : elle était encore dans le quartier, assez tranquille à cette heure matinale. Elle avisa le jardin public à proximité, et alla s’asseoir sur un des bancs, un peu en retrait. Elle jeta encore une fois un dernier coup d’œil pour vérifier que personne ne l’épiait, puis elle sortit son téléphone. Elle composa un numéro qu’elle avait appris par cœur. Il était par trop important pour courir le risque que quelqu’un le découvre sur la mémoire de l’appareil. Cela sonna trois fois, et Marine attendit une seconde après que son interlocuteur ait décroché, le temps que le cryptage se fasse. Un bip confirma que c’était fait et la jeune femme commença à parler :

- Marine Schneider, au rapport pour l’opération Fil d’Ariane. C’est vous, monsieur ?

- Oui, répondit une voix masculine au timbre grave. J’écoute votre rapport.

- Confirmation que le sujet est bien en possession des informations recherchées, ainsi que de la crédibilité de celles-ci. Elle a commencé à me parler ce matin même. Je n’ai pas encore la fin de l’histoire, mais elle a déjà évoqué bon nombre de détails de sa captivité.

- Vous avez des noms, des lieux ?.. coupa sèchement l’homme.

- Non, monsieur, seulement des prénoms pour le moment. En revanche j’ai des descriptions physiques assez précises que nous pourrions croiser avec notre base de données. Sans parler du fait qu’elle me fait totalement confiance désormais, j’en ai la certitude.

- Bien. Beau travail, agent Schneider. Nous allons pouvoir passer à la phase de 2 de l’opération.

Marine se mordit la lèvre.

- Si tôt ? Monsieur, avec tout le respect, je suis certaine de disposer de sa pleine coopération. Il ne fait aucun doute qu’elle va me dire tout ce qu’elle sait dès ce soir. Croyez-vous qu’il soit nécessaire de brusquer ainsi les choses ?

- Schneider, vous n’êtes pas sans savoir que cette jeune femme est la seule personne que nous ayons pour nous aider à pour remonter la piste de cette organisation. Si elle disparaît, nous n’aurons aucune garantie de la retrouver avant les autres, sans compter qu’ils sont certainement déjà activement en train de la rechercher à l’heure où nous parlons. Votre logement à toutes deux ne peut plus être considéré comme un endroit sûr maintenant que nous avons acquis la certitude que tout ceci est réel. Et vous ne voulez pas ruiner tous ces mois d’infiltration pour rien n’est-ce pas ? Par conséquent retournez-y immédiatement et amenez-nous le sujet afin qu’il soit interrogé. Cela ne devrait pas être trop difficile si comme vous me l’assurez vous disposez de toute sa confiance. Quand vous serez là-bas, rappelez moi, au maximum dans une heure. Une unité de renforts est déjà en route afin d’assurer votre sécurité sur place.

- Bien reçu, monsieur. Exécution immédiate de la phase 2.

Marine raccrocha et étouffa un ignoble juron. Elle n’aimait pas cela. Elle avait travaillé tellement dur pour gagner la confiance de la pauvre Kyra. Elle n’était pas amoureuse, ainsi qu’elle le prétendait, mais elle se sentait prise d’une grande empathie pour toute la souffrance de cette jeune femme. Et elle aurait préféré respecter cette douleur, en poursuivant l’approche progressive qu’elle avait entamée, plutôt que d’abandonner sa couverture maintenant, au risque de la renvoyer à sa paranoïa d’antan. Mais son supérieur avait raison : elles n’étaient pas vraiment en sécurité. Et si elle perdait Kyra, ce serait pour n’avoir pas su la protéger. Refusant d’ajouter le fardeau de la culpabilité à celui du mensonge, Marine se releva et poussa un lourd soupir, avant de repartir vers la maison à grandes enjambées.

Fin de la seconde partie
 
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Désoler d'avoir été si long à répondre, mais je voulais être certain d'avoir l'esprit tranquille et beaucoup de temps devant moi avant de lire se deuxième chapitre, ce qui est maintenant fait.

Et je doit dire que j'ai adoré. Surtout cette séance d'entrainement. Je ne m'attendais pas à ça. J'ai été vraiment surpris lorsque les entraineurs ce mirent à les chatouiller. Je croyais vraiment que ce n'était qu'un workout, et j'ai été aussi surpris que Kyra lorsqu'elle se fit chatouiller durant les exercice.

Et la fin, on ne sais plus quoi penser. Tu nous laisse sur un suspend de tout les instant, et je n'en suis que plus impatient de connaître qui sont les bons et qui sont les méchants...

Bref, bonne continuation, et je serai de tes lecteurs pour la suite, lorsqu'elle sera terminé.
 
Tout d'abord, merci d'apprécier ce que je fais :)

L'exercice forcé est un de mes fantasmes personnels. L'idée de l'intégrer à une histoire de chatouilles m'en a été inspiré autant par la nouvelle Chloë, laquelle est ressortie d'ailleurs sur le blog de Peheff, que par une superbe photographie parue sur un site BDSM. Je peux la publier ici d'ailleurs ci ça intéresse quelqu'un.

Pour ce qui est de la suite, il faudra être patient. Je suis en master, maintenant, et quand j'ai fini de bosser sur mon mémoire en général je fais autre chose que continuer à écrire. Disons que février est une date plus réaliste que décembre. Pardon à ceux qui l'attendaient en tant que cadeau de Noël.

A bientôt !
 
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...autant que par une superbe photographie parue sur un site BDSM. Je peux la publier ici d'ailleurs ci ça intéresse quelqu'un.

Moi M'sieur !

PS : Master... Tenebrae... Maître des Ténèbres... Attention, tu vas finir à Fort Boyard. Désolé, pas pu résister.
 
Moi M'sieur !

Que ton voeu soit exhaucé. Et comme je suis très généreux et que cela doit se voir, je rajoute deux superbes dessins de mon ami Augustine (précisions pour francophones avertis, je n'ai pas fait de faute de frappe, il s'agit bien d'un homme), dont je raffole de l'ingéniosité perverse. Comme ça, cadeau. Joyeux Noël ! :santasmil

PS : Master... Tenebrae... Maître des Ténèbres... Attention, tu vas finir à Fort Boyard. Désolé, pas pu résister.

Lol mon rêve.

Tu me diras, à en juger à la photo de ton blog, je ne serais pas le seul à porter un masque. Et puis tu rigoleras moins quand j'aurai réussi à imposer une épreuve de chatouilles parmi les nombreuses tortures du fort. Tiens, pourquoi pas justement quelque chose de similaire à la piscine de Jeux de Dames, avec les chatouilles sous les bras ? Ou encore un petit jeu d'immobilité ? On peut se lâcher : à la rentrée plus question d'audiences.

Oups, moi non plus je n'ai pas pu résister ;)
 
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Tiens, pourquoi pas justement quelque chose de similaire à la piscine de Jeux de Dames, avec les chatouilles sous les bras ? Ou encore un petit jeu d'immobilité ? On peut se lâcher : à la rentrée plus question d'audiences.

MDR

Quoi que ce genre de supplices existe déjà depuis longtemps à la télé japonaise, non ? Et avec pas mal d'audience me suis-je laissé dire.

PS1 : < indisponible >
PS2 : hmmmh la piscine glacée de Jeu de Dames... que des bons souvenirs !
PS3 : merci pour les photos. Je ne suis pas fan mais il y a une idée à creuser...
 
Salut Tenebrae. La prochaine partie de "Rescapée" sera t'elle publiée sur le TMF ou sur ton Blog?
 
Les deux. Pour des raisons de présentation, je ne publie sur mon blog que les histoires complètes. Sur le TMF en revanche, au point où on en est niveau apparence, la publication épisodique ne me dérange pas.

Pour ce qui est de la date, ça ne saurait trop tarder, mais je manque toujours de temps pour me relire et apporter des corrections. Mon mémoire a pris du retard à cause des manifs.
 
Allé Tenebrae, je suis sûr que je ne suis pas le seul à être impatient de lire la partie III...
Tu peux nous donner une date de publication???
 
Je ne peux pas annoncer de façon sérieuse une date de sortie, pour la simple raison que je ne suis pas encore assez satisfait de ce que j'ai pour le moment. Il faut dire que j'ai pas mal de soucis avec les grèves étudiantes : les blocages de la bibliothèque m'empêchent de travailler sur mon mémoire. Je ne suis pas trop d'humeur à écrire. Cela dit j'ai beaucoup avancé depuis la partie II. Je devrais arriver à mettre le point final d'ici la fin du mois d'avril, promis juré.

L'épisode à venir lèvera le voile sur les circonstances de l'évasion de Kyra, et sur les véritables desseins de l'organisation qui la protège. Et tant qu'on est dans le teasing, j'ai déjà un très bon premier jet de la suite d'Il était une fois[..], laquelle verra le jour après Rescapée partie III. Et peut-être aussi après la publication de ma première histoire sans chatouilles.

Merci de votre patience et pardon pour l'attente, je fais vraiment du mieux que je peux.
 
J'ai fini par trouver une conclusion qui, je l'espère, tient la route. Il faut encore que je coupe quelques scènes et que j'en rajoute d'autres, mais le produit brut est bel et bien terminé. Vous devriez voir le résultat d'ici peu. Encore une fois merci de votre patience record et @ dans quelques jours
 
Last edited:
Allé Tenebrae, publie la cette histoire. Je suis sûr qu'elle cartonne :)
 
Il faut savoir que ma méthode de travail m'empêche de publier à une rythme soutenu. Une histoire, ce n'est pas qu'un récit, c'est aussi un rythme, des dialogues qui doivent sonner de façon naturelle, et le maintien d'une certaine cohérence. Je dois donc relire et corriger sans cesse ce que je fais, afin d'aplanir tout ça, et c'est sans compter l'élimination des fautes de frappe, des lourdeurs de syntaxe, et des répétitions. De plus, étant donné qu'encore une fois je fais tout cela sur mon temps libre, cela avance de façon lente et fastidieuse. Je veux que dans la mesure du possible votre lecture puisse se faire de façon naturelle et agréable, sans vous écorcher les yeux sur la forme pour que vous puissiez vous concentrer sur le fond. Et le pire c'est que malgré tout cela les histoires que je publie recèlent encore des coquilles.

Toutefois j'ai conscience de la frustration que génère l'attente (vous imaginez : je suis fan de Ftkl et de BAC, alors... :rolleyes:). Aussi si vous y tenez je peux scinder la fin de Rescapée en deux parties et publier la première immédiatement, vu que j'en suis pleinement satisfait, au contraire des dernières pages qui méritent encore d'êtres revues. Elle contient une introduction et une séance de torture d'une longueur comparable aux autres. Si cela vous dit, je peux l'ajouter tout de suite, donc. L'autre option est que si vous vous sentez d'attendre encore une poignée de jours, je peux effectuer la publication d'une troisième partie plus consistante, contenant une scène de torture additionnelle ainsi que la conclusion, comme cela était prévu. C'est vous qui voyez.

Merci en tout cas, de votre compréhension, de votre soutien et de votre patience.
 
Last edited:
Je suis trop pressé...
Je suis aussi un fan de BAC et quel supplice cette attente
Au plaisir de lire Rescapée...
 
S'il n'y pas d'autres objections, Rescapée partie III sera en ligne sur ce forum dès demain après-midi. J'espère seulement que vous ne serez pas déçus après une aussi longue attente...
 
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